Je me souviens d’avoir cessé d’être gauchiste en 68

© Bon pour la tête 2018 / Matthias Rihs
Pour nos enfants nés avant et après 1984.
Je me souviens d’avoir souscrit, en
1967, à l’anniversaire de ma naissance un 14 juin, le même jour qu’un certain
Che Guevara, à la phrase de Paul Nizan: «J’avais vingt ans et je ne
permettrai à personne de dire que c’est le plus bel âge de la vie»…
Je me souviens qu’à
dix-neuf ans, durant mon premier séjour en Pologne, j’ai découvert l’usine à tuer
d’Auschwitz et le socialisme réel vécu par la famille de l’ingénieur L. qui
nous avait reçus à Wrocław, mon compère U. et moi…
Je me souviens d’avoir conseillé à l’ingénieur
polonais L., petit con que j’étais, de patienter jusqu’à la réalisation réelle
du socialisme socialiste dont il avait, en 1966, quelques raisons de douter…
Je me souviens de la petite fille à
l’énorme bouquet de fleurs, au milieu de l’immense stade de Wrocław
rempli de jeunes socialistes en uniformes, qui s’écria dans le micro, à propos
de l’agression impérialiste des Américains au Vietnam:
«Protestujem!»…
Je me souviens des tas de cheveux et
des tas de prothèses et des tas de jouets dans l’usine à tuer transformée en
sanctuaire de mémoire, et de l’odeur des saucisses vendues à l’entrée, et de
leur graisse sur nos mains innocentes…
Je me souviens du terrible choc
éprouvé à la découverte, en pleine nuit, des barbelés et des miradors du Rideau
de...
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