Ferments préhistoriques de l’art contemporain

Publié le 10 juillet 2019

Snake Circle, 1991, CAPC musée d’art contemporain, Bordeaux . Achat à la Galerie Tschudi avec l’aide de la DMF en 1992.
– © Adagp, Paris 2019 Photo: Anaïs Sibelait, Mairie de Bordeaux

Un morceau de grès plat, sale, de 18 centimètres sur 23, portant des traces d’ «enlèvements anthropiques» (des fragments retirés intentionnellement par un humain à l’aide d’un outil) vient d’être découvert sur un site de fouilles archéologiques, derrière la gare d’Angoulême. Une trouvaille majeure, qui révolutionne la conception du paléolithique et de ses pratiques artistiques, puisque figurent, sur la plaquette, des gravures représentant des chevaux, des aurochs, des cervidés, ainsi qu’un mammifère non identifié. Les spécialistes l’affirment, «c’est comme si on avait découvert un alien»! En effet, au paléolithique (soit douze millénaires avant notre ère), les pratiques artistiques ont évolué. Les dessins sont non figuratifs, géométriques, à base de points et de lignes. La dernière représentation figurative connue est antérieure de deux mille ans à la «plaquette d’Angoulême».

Cette trouvaille, énigme supplémentaire, vient renforcer le voile légendaire que revêt, depuis les premières fouilles en Europe au XVIIe siècle, la Préhistoire. Le Centre Pompidou s’en fait l’écho dans une exposition, «Préhistoire, une énigme moderne», où les liens ténus et explicites qui unissent la création contemporaine aux réalisations préhistoriques sont célébrés.

L’art contemporain n’a rien inventé, serait-on tenté d’affirmer à la vue des œuvres exposées. La mise en parallèle est éloquente. D’un côté la «Vénus de Lespugue» (vers -23’000), de l’autre une sculpture de Louise Bourgeois, Harmless woman, et un buste de femme de Picasso. D’un côté, un bloc gravé d’un cheval de la période Magdalénienne (-150’000 ans), de l’autre une aquarelle de...

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