En Serbie, une révolution pour le 21e siècle

Publié le 21 mars 2025

Les étudiants dans les rues de Novi Sad. – © Shutterstock

Samedi 15 mars, plus de 300 000 personnes se sont massées au centre de Belgrade pour protester contre la corruption. Peu évoqué ou soutenu à l'étranger, ce mouvement pourrait, et devrait inspirer les démocraties occidentales en perte de repères.

Le 1er novembre, l’auvent de béton de la gare de Novi Sad, deuxième ville du pays, s’est effondré sur les passants. Le bilan final est de quinze morts. D’après les rares éléments connus, le coût final de la rénovation de la gare a dépassé de sept fois le budget initial. C’est ainsi que la corruption, en tuant des innocents, a montré son vrai visage. C’est le visage d’un système dont les racines plongent jusque dans les années 90, celles de la guerre, de la dislocation de la Yougoslavie, de la disparition de l’Etat au profit des structures parallèles. Tous les efforts entrepris depuis un quart de siècle pour venir à bout de ce système se sont révélés pratiquement vains jusqu’à aujourd’hui.

Le 5 octobre 2000, les Serbes étaient enfin parvenus, par voies démocratiques, à faire rendre gorge à Milosevic, qui mourrait en prison en 2006. Ils s’étaient escrimés pendant des années pour y parvenir, concentrant tous leurs efforts et leur stratégie sur l’homme et son entourage. Mais les années passant, on a bien dû constater que la corruption que Milosevic avait semée et entretenue continuait de pourrir de l’intérieur tous les gouvernements successifs. En 2012, comme pour siffler la fin de cette pause pseudo-démocratique, son ancien ministre de l’information, Aleksandar Vucic, accédait au pouvoir. Et le système Milosevic, c’est-à-dire la corruption institutionnelle, la suppression des médias et la subversion des élections, revenait officiellement aux affaires.

Cela fait donc plus de douze ans que la Serbie fait marche arrière. Avec...

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