Einstein, Churchill, Clemenceau, ou aucun d’entre eux

Publié le 17 septembre 2019

Albert Einstein en 1947. – © The Library of Congress

«Les États-Unis d’Amérique sont le seul pays passé de la barbarie à la décadence sans jamais avoir connu la civilisation.» Cette phrase est en général attribuée à Albert Einstein. Non seulement c’est faux, mais retrouver l’origine exacte de la formule tient du casse-tête.

Cet article, signé Jean-Christophe Piot, a été publié sur Mediapart le 31 juillet 2019


L’idée que les États-Unis se comportent parfois comme des brutes décadentes, chez eux ou à l’étranger, n’a pas commencé avec Trump. Reste que l’arrivée de l’actuel président à la Maison Blanche, dont le goût marqué pour tout ce qui brille n’est un secret pour personne, offre tous les jours ou presque de nouvelles occasions de voir ressortir cette formule un rien caustique, sous des formes qui peuvent varier à quelques mots près.

En ligne de mire, le goût réel ou supposé des Américains pour, en vrac: le mauvais goût, le bling-bling, le culte du flingue et du Dieu dollar, la bêtise, l’absence de culture réelle et d’ouverture au monde, le racisme, le non-respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales…

Bref, dès qu’il s’agit de se payer les Yankees, la formule est toute trouvée: «Les États-Unis d’Amérique sont le seul pays passé de la barbarie à la décadence sans jamais avoir connu la civilisation.» Et comme on ne prête qu’aux riches, on l’attribue à toute une collection de célébrités connues pour avoir l’esprit vif, la dent dure et le don de la formule cruelle.

Albert Einstein donc, mais aussi Mark Twain, Churchill, Clemenceau, Oscar Wilde…

En revanche, dès qu’il s’agit de savoir où et quand elle aurait été écrite ou prononcée, c’est tout de suite plus compliqué. Il est temps de tirer les choses au...

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