Vaste farce à Genève: des millions pour une passerelle fantôme

Publié le 9 août 2017
C’est l’histoire d’une passerelle pour piétons et cyclistes qui a déjà coûté près de 11 millions aux contribuables genevois et ne sert toujours à rien. Un ouvrage en bois, reliant le stade de Genève au Bachet-de-Pesay, construit dans la précipitation malgré la controverse, pour l’Euro 2008. Mais qui n’a pas pu être utilisé pendant le championnat d’Europe, pour des motifs alambiqués de «sécurité». Un pont, coupé en son extrémité nord depuis 2011, qui n’a plus été entretenu depuis. Une vaste farce dont Genève n’a pas fini d’entendre parler, puisque sa réouverture prévue à la fin 2019 pour l'inauguration du futur RER genevois, Léman Express, nécessitera encore l’injection de quelques deniers publics.

Le Canton de Genève envisage de rouvrir enfin un pont de bois inutilisable pratiquement depuis son «ouverture» le 27 mai 2008. Cet ouvrage destiné aux cyclistes et aux piétons, reliant le secteur du stade de Genève à la nouvelle gare RER du Bachet-de-Pesay sera réhabilité, moyennant quelques frais supplémentaires, pour la mise en service du Léman Express en décembre 2019. Soit plus de onze ans après sa construction. Un pont d'or: le bijou a déjà coûté plus de... onze millions de francs!
Du côté de Carouge ou de Lancy, les habitants sont excédés et les réactions fusent. «La passerelle des sports, vous connaissez?» «C’est un scandale! Ce pont a couté des millions et pourrit sur place», lance d’emblée un employé de la zone industrielle située face à la passerelle fantôme. Un ouvrage recouvert de bois, aujourd’hui amputé, sclérosé dans le paysage urbain, construit dans la précipitation il y a neuf ans. Officiellement pour les spectateurs rejoignant le stade pour les matchs de l’Euro 2008.
Construite pour l'Euro, fermée pour l'Euro
Le hic, c’est que la passerelle n’a jamais été foulée par un fan de foot: le pont de bois est resté fermé pendant l’Euro. Principales raisons invoquées à l’époque: la largeur de cinq mètres ne permettrait pas d’intervenir en cas de «bagarre», de malaise ou, selon la police, de «mouvement de foule»
Premier couac et incompréhension au sein de la population. «Comment a-t-on pu investir autant pour un truc inutile, alors qu’il y a tant de besoins à Genève?, s’interroge une assistante sociale. Impossible d’obtenir un crédit pour construire, par exemple, un vrai centre pour accueillir les sans-abris, par contre on jette des millions par la fenêtre pour des projets absurdes.»
Côté politique, les accusations de copinage entre l’ancien député PLR, Thomas...

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