Coup de tonnerre dans le ciel médiatique

Publié le 4 décembre 2017
Le sondage qui donne une majorité de Suisses en faveur de l’initiative médiatique crée un choc immense. On n’y croyait pas. Cela peut arriver. Parfois l'orage passe, parfois il casse tout.

Il est vrai que les opposants n’ont même pas commencé la campagne alors que le débat fait déjà fureur. Faute tactique. Mais que diront-ils? Que la télévision et la radio publique disparaîtront? C’est peut-être vrai mais le catastrophisme a souvent pour effet de renforcer ceux qui le refusent et jouent avec l’idée de «donner un signal».
La SSR donne et donnera encore des signes de modestie, un genre qu'elle a peu pratiqué jusqu'à ce jour. Ses stratèges planchent sur divers plans: abolition du canal SRF Info qui reprend les nouvelles en boucle, abandon de certains programmes, passage du 2e canal tessinois sur le net. Au passage, on note que l’initiative interdit les subventions aux radios et télévisions mais ne dit rien d’internet.
A chacun sa gamberge
La SSR, si elle survit, pourrait donc continuer d’être soutenue si elle se cantonne sur la toile et le streaming. Mais les discours rationnels et nuancés passent mal: on est dans l’ébullition de colères diverses. Et puis le désir d’un renouveau, bien compréhensible, vibrionne aussi. Un ami nous disait: «Interdire les subventions, pourquoi pas, on peut aussi imaginer une régie fédérale de la radio-télévision financée par l’impôt, ce serait plus juste que la redevance aussi lourde pour les pauvres que pour les riches.» A chacun sa gamberge. Loin des réalités urgentes.
Après tout, ce ne sera pas si grave, entend-on. D’autres choses surgiront. D’où? Comment? Là, c’est le flou. Sinon que les puissants acteurs médiatiques suisses et étrangers, certains grands éditeurs, Blocher en tête, pourraient décrocher des concessions et privatiser totalement, à leur guise, le paysage des sons et des images. Cela même au moment où l’on observe une concentration galopante des journaux et magazines. En particulier en Suisse alémanique où plu...

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