A Ramallah, le football suspendu à la guerre

Publié le 9 février 2024
Le Sareyyet Ramallah est l’un des meilleurs clubs de football féminins de Palestine. Pourtant, leur saison, comme celle de leurs homologues masculins, est en suspens depuis le 7 octobre et le déclenchement de la guerre Israël-Hamas qui a suivi. Sportifs tués à Gaza, joueuses contraintes dans leurs déplacements en Cisjordanie, impacts psychologiques du conflit et incertitudes sur l’avenir, même à distance des principaux terrains d’affrontements, la guerre s’immisce partout. Et le sport, avec ses valeurs, en est souvent la première victime.

Texte de Dario Antonelli, photos et editing de Giacomo Sini

La guerre a interrompu la saison de football palestinienne: «Il n'y a plus rien de clair dans le calendrier», rapporte Leen Qattawi, la coach de l'équipe féminine de Sareyyet Ramallah, l'un des meilleurs clubs féminins de Palestine. «Tout est en suspens. Le 6 octobre, le championnat des moins de 14 ans a commencé, nous avons joué deux matchs et nous les avons gagnés, mais la fédération palestinienne de football l'a interrompu jusqu'à nouvel ordre. La ligue des seniors devait commencer le 14 octobre, mais elle n'a pas pu démarrer. Le championnat professionnel masculin a été annulé en raison de la mauvaise situation dans les rues, et plusieurs joueurs, six je crois, ont été tués».
L'annulation des matchs et la suspension des championnats affectent également la participation palestinienne aux compétitions internationales. En effet, outre l'impossibilité pour les joueurs de se rendre à l'étranger durant cette période, le non-respect des règles du calendrier de la FIFA pénalise le football palestinien. «Il y a des calendriers de la FIFA que les fédérations de football doivent respecter – explique Qattawi – et en raison de la situation en Palestine, notre fédération n'est pas en mesure d'organiser les matchs de football, donc malheureusement la ligue PRO a été annulée».
Le fait que l'association palestinienne affiliée à la FIFA n'ait pas encore développé le football féminin à un niveau professionnel permettrait peut-être à la ligue féminine de ne pas rater la saison.

Leen Qattawi, l'une des entraîneurs de Sareyyet Ramallah, en train de donner des conseils à une joueuse. Al Bireh, Palestine. © G.S.
«En Palestine, explique Qattawi, il n'y a pas de ligue professionnelle pour les femmes, c'est plutôt une ligue amateur,...

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