Analyses de Jacques Pilet

La Suisse se tait devant le chambardement du monde
Que la rencontre des BRICS à Kazan soit un évènement majeur, difficile de le nier. Quoi qu’il en sorte. La Russie que l’on disait totalement isolée voit accourir de grosses pointures. Les membres du groupe, Chine, Inde, Afrique du sud, Brésil, Ethiopie, Iran, Emirats arabes unis, plus d’autres qui songent à s’en rapprocher, dont l’Arabie saoudite, encore hésitante. Un club de poids face au G7 occidental. Tout un pan du monde.

Et pendant ce temps…
On se lasse de tout. Même du spectacle le plus terrifiant. Le Moyen-Orient ne fait plus guère la une. Et pourtant! Suspense autour de l’Iran. Attaqué? Quand? Comment? Avec quelles conséquences sur l’Europe? On préfère ne plus y penser. Et aussi se détourner des massacres commis ces jours au Liban et à Gaza. Même la Suisse qui aime tant se poser en référence des droits humanitaires et internationaux...

Le paysage contrasté de l’énergie vitale. Entre spleens et élans
Tout un pan de l’Europe péclote. La France d’abord, prise de vertige devant ses déficits abyssaux, paralysée par le cirque des ambitions politiciennes. L’Allemagne officiellement entrée en récession, sa légendaire industrie menacée par les coûts de l’énergie, les délocalisations aux Etats-Unis et la concurrence chinoise. Alors que la face sud se porte mieux. Où va le Vieux Continent? Pour y voir clair, il faut aussi observer ce qui se passe… dans les têtes.

Israël entre la furie et la peur
Elie Barnavi, historien, essayiste et diplomate israélien dit ainsi le malaise qui saisit son pays et la communauté juive dans le monde: «Israël gagne des batailles mais est en train de perdre la guerre. (…) Nul ne sait où nous allons.» Tsahal est engagée à Gaza, où ce qui reste du Hamas n’est pas encore désarmé, en Cisjordanie, où elle appuie la colonisation accélérée, au Liban où elle bombarde massivement et commence une difficile offensive terrestre. Et elle paraît préparer en plus une attaque de l’Iran. Cette furie belliqueuse tous azimuts commence à faire naître une peur nouvelle, existentielle, au sein de l’Etat hébreu.

Gare au wokisme!
Une fois franchie la pédante introduction d’un prof de philosophie neuchâtelois, nous découvrons les définitions, les réflexions politiques et les alarmes de notre ami Jonas Follonier, rédacteur en chef du «Regard libre». Survol bienvenu des dérapages d’une idéologie aux contours flous qui s’est étendue ces dernières années, notamment dans les écoles, les universités et à la RTS. Encore à la mode mais de plus en plus contestée. Le hic, c’est que ses tenants les plus revendicatifs sont réticents à débattre.

Aidons le Liban!
Que faire dans nos têtes des tragédies et des périls au Moyen-Orient? S’informer, tenter de comprendre les uns et les autres dans une perpective historique, ne pas nous embarquer aveuglément dans le feu croisé des propagandes. Aux bombardements des populations s’ajoutent jusqu’ici ceux des discours.

La fièvre xénophobe face au choc des réalités
La terrifiante escalade de la guerre au Moyen-Orient ne devrait pas nous détourner des périls intérieurs en Europe. Partout ou presque montent, à divers degrés, les clameurs nationalistes. Les mouvances qui se profilent ainsi sont en progrès en Allemagne, en Autriche, en France et l’une est au pouvoir en Italie. Avec une rengaine: chassez les étrangers! Stop à l’immigration! Or, dans les faits, apparaissent bien des nuances, bien des contradictions… A voir de plus près.

L’édifice pourri des retraites
Après la claque populaire infligée au Parlement et au Conseil fédéral, les perdants affichent leur gueule de bois et les gagnants leur triomphe. Mais chez ceux-ci rares sont ceux qui remettent en cause l’architecture même des retraites. Compliquée, diversifiée, faisant la part belle à des caisses de pension peu transparentes. Pour beaucoup, un casse-tête.

Le stoïcisme du Liban
Face à l’attaque massive et meurtrière d’Israël, ce petit pays fait preuve d’un courage et d’une solidarité admirables. C’est inattendu car il est profondément divisé entre diverses factions religieuses, l’Etat est faible, l’économie à bout de souffle. Et pourtant...

Les guerres et nous
Avec quelle désinvolture vivons-nous, pour la plupart, ces jours menaçants. On s’est «habitué» aux conflits sanglants. Mais là, ils n’en finissent pas d’enfler, de s’étendre. Quels sont les ressorts profonds de cette escalade infernale? Les décideurs ont leurs visées. Et les opinions publiques, même fort loin des fronts, pourquoi et comment entrent-elles dans les logiques belliqueuses? Les appels à la paix restent si rares…

Le déni des Suisses devant d’inquiétants clignotants
Français et Allemands sont envahis par les doutes quant à l’avenir de leur économie. Les Suisses, eux, restent ancrés dans leurs rassurantes certitudes. Ces derniers feraient bien d’être plus attentifs. Nombre de nouvelles pas gaies tombent ces jours-ci.

Amérique latine: la fin d’un rêve
S’il y a une partie du monde où le romantisme révolutionnaire a enflammé bien des coeurs, c’est l’Amérique latine. C’en est fini. A part quelques groupuscules, plus personne n’entonne les envolées à la mode Fidel d’autrefois. Après tant de déconvenues et de drames, tant de dictatures militaire et leurs difficiles sorties, Cuba et le Venezuela, aujourd’hui, finissent d’enterrer les illusions du passé.

Extrémistes! Fascistes! Populistes! Poutinistes!
La plupart des médias allemands se déchaînent contre l’AfD, formation à droite de la droite, qui vient de faire une percée spectaculaire aux élections régionales de Sachsen et Thüringen, à l’est de l’Allemagne (10% de la population en République fédérale). Alors que les partis qui composent le gouvernement central y ont connu une débâcle. Voici qu’émerge une nouvelle force, avec à sa tête une femme politique brillante, Sahra Wagenknecht, nullement xénophobe mais exigeant de limiter l’immigration, très préoccupée par la situation sociale, vivement opposée à la fuite en avant de la guerre en Ukraine et à l’extension des bases US en Allemagne. Elle est décrite comme alliée de la Russie, ce dont elle se défend. Où mèneront ces attaques polémiques dans le reste du pays? Freineront-elles les gêneurs ou les renforceront-elles?

«Pourquoi les chars russes n’envahiront pas la Suisse»
Tel est le titre du livre paru ces jours chez Favre. Son auteur est le conseiller national (PS) Pierre-Alain Fridez, médecin à Fontenay (Jura), membre de la commission de sécurité depuis 2011. Cet organe composé de représentants politiques, d’experts, de militaires, choisis pour s’aligner sur le dogme dominant. Il vient de la quitter, en opposition aux thèses de la conseillère fédérale Viola Amherd. L’ouvrage apporte un regard large, dûment documenté sur les menaces, réelles et non fantasmatiques, que doit affronter la Suisse.

La mort programmée des journaux
On connaît depuis longtemps la brutalité du groupe zurichois Tamedia. Mais cette fois, son arrogance et son mépris pour les collaborateurs et le public dépassent toutes les bornes. A cela s’ajoute une ignorance crasse de la réalité romande. Mais après le moment de la colère et, si possible, de la solidarité, vient celui des questions qui font mal. Les journaux imprimés sont-ils condamnés à terme? Avec quelles conséquences pour notre société?

Twitter/X, «bouillie globale» ou espace de liberté?
L’animateur d'Infrarouge, Alexis Favre, annonce non sans solennité dans «Le Temps» qu’il quitte la plateforme d’Elon Musk. Après l’avoir longtemps utilisée pour la promotion de l’émission et ses commentaires. Sagesse ou coup de tête? Les journalistes des vieux médias ont de la peine avec les réseaux sociaux. Jusqu’à les accuser de tous les maux. Dommage.

L’Occident, bras armé de la démocratie?
En marge du festival de Locarno, le journaliste Frank A. Meyer réunit des personnalités politiques et des intellectuels, venus surtout d’Allemagne, et attribue un «Prix européen de la culture politique». Cette année au ministre polonais des Affaires étrangères, Radosław Sikorski, et à son épouse Anne Applebaum. En présence de la présidente de la Confédération, Viola Amherd. L’occasion de vibrants discours à la gloire de «l’Occident», mis au défi à travers le monde. Vaste sujet qui donne à réfléchir.

La chevauchée de Maryssa Rachel sur son polar
Vous êtes un peu lassés de côtoyer des gens raplapla, le visage monotone, le propos attendu? Alors faites une cure en lisant l’écrivaine et photographe Maryssa Rachel. Son dernier livre se dit polar mais va bien au-delà de la trame, de la traque des criminels.

Revolución! La fin du rêve latino
L’élan révolutionnaire lancé en Amérique latine par Fidel Castro, puis Hugo Chávez, a eu tant d’échos dans le monde, enthousiastes ou furieux. Ce qui se passe actuellement à Cuba et au Venezuela enterre ces espoirs comme ces craintes.

Adieu, Pierre Rieben
L’ami Pierre s’est éteint, à 89 ans, à l’hôpital de Imperia. Auprès de son épouse, Patrizia Sabbatucci. Quelle destinée! D’origine neuchâteloise, puis Lausannois, libraire et militant, il a marqué l’histoire de la gauche dans ces parages.

Les rebondissements de l’histoire à Saint-Gingolph et ailleurs
En ce mardi ensoleillé le bourg franco-suisse se remémorait le massacre et l’incendie du 23 juillet 1944. Mais l'histoire n’est pas écrite pour toujours. Il s’agit de la redécouvrir sans cesse. En Suisse, en France, partout. Un roman nous le rappelle.

En direct de Gaza, un journaliste palestinien nous parle
La fièvre américaine, le désarroi français… encore des raisons de détourner le regard du Moyen-orient. Or les bombes tuent tous les jours à Gaza, la colonisation de la Cisjordane avance à marche forcée. Les témoignages sur la tragédie humanitaire s’accumulent. Nous avons pu interroger sur d’autres aspects un journaliste de Gaza, Hilmi Moussa. Qui s’exprime librement et sans pathos. Quoi que l’on pense de cette guerre, son propos mérite d’entre entendu. Entretien signé Jacques Pilet et Malek El-Khoury.

L’Europe aux ordres de Ursula… et des USA
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, réélue pour cinq ans. La pluie de griefs qu’elle a subie est restée sans effets. Ce qui a convaincu le Parlement européen, c’est d’abord sa ligne dure face à la guerre Russie-Ukraine. Pas question d’efforts à la Orbán pour trouver un «apaisement» (le mot est d’elle pourtant). Les Etats-Unis peuvent se réjouir: les représentants européens, et pas seulement l’énergique Allemande, ont choisi librement de s’aligner sur la politique qu’ils imposent à leurs alliés.

«Quand on aime on ne compte pas»
Et quand on aime la guerre encore moins! Fêtant ses 75 ans d’existence, l’OTAN a multiplié les déclarations que l’on jugera fermes ou belliqueuses à l’endroit de la Russie et de la Chine, réaffirmé son soutien total à l’Ukraine en attendant son adhésion. Et une injonction forte à tous les Etats occidentaux: dépenser au minimum 2% du PIB pour la défense. Que les non-membres mais proches, comme la Suisse, en prennent de la graine. On est encore loin de cet objectif atlantiste avec 0,7%. Notre ministre Viola Amherd n’aime pas la guerre mais l’OTAN, c’est son grand flirt. Et la valse des milliards est donc promise à s’accélérer. D’autant plus qu’une grosse tuile, dont on a peu parlé, vient de tomber sur nos avions.