Le p’tit-dèje divin des Ricains a fait de Jésus un pantin

Publié le 22 août 2019
Dieu est leur copilote, disent souvent les Américains, et la seule invocation du nom de Jésus, qui aime tout le monde et jusqu’aux pires canailles, comme chacun sait, suffit aux plus malins pour justifier tout et n’importe quoi. Ce qu’on sait moins, que révèle une brève série documentaire de Netflix, intitulée «The Family» et sous-titrée «la menace fondamentaliste», c’est qu’une véritable société secrète agit depuis des décennies au plus haut niveau du pouvoir, à la dévotion particulière de la divinité Dollar…

L’on peut être croyant sincère ou mécréant avéré, agnostique voire indifférent à toute forme de religiosité et ressentir la même pénible impression, sinon le même dégoût devant la fausse piété étalée ou pire: devant l’utilisation frauduleuse et cynique de la religion dans l’exercice de pouvoirs abusifs ou de profits éhontés.
L’image de Donald Trump, les yeux au ciel, inaugurant le premier petit-déjeuner national de prière de son investiture, en présence de centaines de «frères et sœurs» richissimes ou détenant les plus hauts pouvoirs politiques ou financiers, relève apparemment de la caricature alors qu’elle correspond, bel et bien, à une réalité dont la tartufferie a de quoi révulser.
Du moins est-ce le sentiment que j’ai éprouvé en regardant les cinq épisodes d’une série documentaire récente intitulée The Family et sous-titrée «la menace fondamentaliste», tirée du livre éponyme du journaliste d’investigation Jeff Sharlet, lequel  expose, après avoir vécu quelque temps en immersion dans leur milieu, en ses jeunes années, les menées en coulisses des pontes de ladite Famille conjuguant depuis des décennies,  au plus haut niveau du pouvoir politique américain, l’idéologie religieuse la plus élémentaire – Dieu vous aime, il vous aide à positiver et à prospérer, etc. – et la conduite des affaires politiques et économiques les plus terre-à-terre.
 

Le livre de Jeff Sharlet. © DR
Rien de neuf à cela, dira-t-on: le slogan God is your copilot est d’âge aussi vénérable que les pères fondateurs de l’Union, et nous étions encore des jeunots lorsqu’un Billy Graham faisait le tour du monde avec sa bonne parole de marshmallow parfumé d’impérialisme, avant la prolifération des télévangélistes aux gueules fardées de marchands du temple. 
Or, ceux-ci sont également aussi vieux que le c...

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