Ces trois géniales «Incandescentes» sont à la fois fées et sourcières

Publié le 13 juin 2019
Les légitimes revendications sociales et politiques des femmes devraient aller de pair avec la (re)découverte de grandes voix parfois occultées par le bruit. Au sommet de la pensée poétique, Simone Weil, Maria Zambrano et Cristina Campo revivent ainsi par la grâce d’un admirable triptyque d’Elisabeth Bart.  

Comme il y a des danseurs et des danseuses, il sera question, dans cette chronique du 13 juin, de penseuses autant que de penseurs, et de mutuelle reconnaissance, d’expériences parfois proches et de visées communes, de passions terrestres et d’aspirations dépassant les fantasmes de puissance et de domination – et ces trois danseuses de la pensée ont un nom et de profondes affinités conjuguant les mouvements du corps et de l’esprit, du cœur et de l’âme. Voici donc Simone Weil (1909-1943), Maria Zambrano (1904-1991) et Cristina Campo (1923-1977).
J’ai commencé de lire Les incandescentes à la veille de mes septante-deux ans, venu au monde un 14 juin par le train de 8h47 (titre d’un vaudeville de Georges Courteline, ainsi que l’accoucheur l’apprit à ma chère petite mère qui ne fit pas la grève ce jour-là), je connaissais déjà les noms de Simone Weil la Française et de Maria Zambrano l’Andalouse, et j’avais été touché plus récemment par l’incomparable beauté des livres traduits de Cristina Campo l’Italienne, mais voici qu’une dame d’à peu près mon âge, donc une jeune fille de certaine expérience, lumineuse d’intelligente pénétration et d’écriture, au nom d'Elisabeth Bart, m’a embarqué dans une nouvelle traversée vers quels mondes et merveilles dans ce triple sillage des «incandescentes». Je suis loin, pour le moment, d’avoir absorbé la substance extrêmement riche de ce livre, mais je ne laisserai pas passer le 14 juin sans le recommander vivement.
Ce qui ne peut que s’écrire...
Un autre «danseur» rompu aux exercices les plus exigeants de la pensée, en la personne de Ludwig Wittgenstein (1889-1951) , reste connu d’un peu tout le monde pour une sentence devenue «culte» dans les cafés philosophiques, voire même «bateau» dans la jactance la plus courante, jusque sur les réseaux ...

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