La maison des belles endormies
Je suis à l’âge des belles endormies. Parfois je pense que faire violence à la fille droguée qui dort à mes côtés serait de nature à réveiller ma jeunesse. Je sais qu’elle ne résisterait pas. Il me serait même facile de l’étrangler. Mais toute énergie m’a abandonné. Le sentiment du néant m’envahit. Nous sommes, elle et moi, comme anesthésiés. Elle par de puissants narcotiques. Moi par ma quête de plaisir qui touche à son terme. Je ne fréquente plus la maison des belles endormies qu’avec un seul but: me remémorer mes nuits d’antan avec ces adolescentes, jeunes comme je l’étais alors.
Arrivé au seuil de la mort, mon ami Kawabata m’avait suggéré de revenir à la douceur de l’enfance. Cette fille blottie contre moi possédait-elle encore cette vertu magique? Je suis souvent retourné dans la maison des belles endormies sans jamais trouver de réponse à cette question. Sans doute eût-il fallu que je viole l’une d’elles ou que je l’étrangle pour en savoir plus. Mais je n’en avais plus le courage, ni la force.
«Détruis cette maison! Détruis ta propre vie!», me soufflait un mauvais démon. Mais il était trop tard. Je flottais dans mon passé. C’est tout ce que je pouvais encore attendre de celle qui reposait, nue, à mes côtés.
Quand vint l’aube, une vieille servante m’apporta un peu de nourriture que je repoussai.» Que ma vie est lamentable ! «songeai-je en quittant la maison des belles endormies. Dehors, je croisai une institutrice qui se rendait à...
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