Dans la foulée de Jean Prod’hom, «Novembre» s’ouvre à la rêverie

Publié le 18 avril 2019
Déambulant à sa propre rencontre par vaux et collines, le cueilleur de tessons remonte, de ruisseaux en rivières, le fleuve des rêveurs itinérants. Pour nous rejoindre au pays des lacs et des âmes où nous attendent les enfants d’Anker et Walser le vagabond, après moult rencontres et observations. Leçon de choses au fil des mots…

Je ne sais plus quel lettré diplômé écrivait, j’ai oublié où, que la littérature romande sortait de la 5e Rêverie de Rousseau, lequel disait lui-même – je cite de mémoire –, qu’un homme qui ne marche pas ne saurait bien penser; et c’est en marcheur pensif, précisément, rappelant un peu les songeries d’un autre philosophe dans les bois, l’Américain Henry Thoreau, que Jean Prod’hom, un certain huit novembre, un sac léger sur le dos, s’engage dans un long périple à pied dont il tiendra le soir, sur sa tablette, le compte des «minutes heureuses» et autres moments de doute ou de blues, voire parfois d’énervement au vu des menées humaines.

Celles et ceux qui ont déjà grappillé les fines notations poétiques émaillant les deux premiers recueils de Jean Prod’hom, à savoir Tessons (en 2014) et Marges (2015), retrouveront, en plus ample et dans la continuité d’un journal de voyage rappelant aussi, en mineur, les pérégrination du vieux poète Japonais Bashô (dont Richard Dindo, soit dit en passant, a tiré son admirable dernier film à découvrir ces jours sur nos écrans), ou encore les balades à travers lieux et temps de l’Autrichien W.G. Sebald, d’ailleurs cité par l’auteur; et tant qu’à multiplier les échos littéraires – sans faire assaut excessif de cuistrerie –, que justifie aussi bien une démarche relevant quasiment du genre littéraire, et notamment en Suisse romande, l’on ne peut que rappeler le Petit traité de la marche en plaine de Gustave Roud, etc.
Quand l’instituteur est un poète…

J’espère ne pas vexer Jean Prod’hom en voyant d’abord en lui la crème des instituteurs, du genre que nous nous rappelons des décennies après notre dernière course d’école.
Je ne sais quel genre d’enseignant il fut en réalité durant ses trente ans d’enseignement, mais le type que je suis virtue...

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