Une jeunesse soviétique

© XENIX
Il n’aura pas pu accompagner Leto à Cannes, assigné à résidence qu’il est depuis de nébuleuses accusations de détournement de fonds publics qui ne trompent personne: revendiquer une liberté d’expression et de création en Russie quand on est ouvertement homosexuel et critique envers le régime peut coûter cher. Mais son film parle pour lui. Avec ce huitième long-métrage, le premier distribué chez nous après une affirmation progressive sur le circuit festivalier, Kirill Serebrennikov rejoint Alexandre Zviaguintzev (Leviathan, Faute d’amour) au firmament du cinéma russe, celui qui ose dire les choses telles qu’elles sont avec l’inspiration formelle qu’exige le grand art.
Qui s’attendrait à assister – comme répercuté à la ronde – à un simple biopic musical pourrait être déçu. Il est certes question de Victor Tsoï, vedette punk-rock trop tôt disparue. Mais plutôt que ses années de gloire en pleine Perestroïka et sa mort accidentelle peu après la chute du rideau de fer, Serebrennikov a choisi d’évoquer ses débuts, en 1981, encore sous l’immobilisme soviétique de Brejnev. Et encore, c’est le mot «évocation» qu’il convient de retenir, à travers le prisme d’un triangle amoureux centré sur Natasha, l’épouse de Mike Naumenko, un aîné qui avait pris Tsoï sous son aile. C’est en effet via les mémoires de cette unique survivante du trio que le cinéaste (né en 1969) est parti à la reconquête de ces rockers disparus. Il a bien fait, son film débordant de désir autant que de frustrations, d’amour que de colère, pour finir sur une...
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