Harvey Weinstein, pig ou paria?
Dans les années 60, j’avais sympathisé avec Claude Chabrol – je faisais alors de la critique de cinéma et j’avais été subjugué par ses deux films: «Les Bonnes femmes» et «A double tour». Il m’avait invité à déjeuner chez lui, un appartement cossu du seizième. Il vivait encore avec Stéphane Audran. L’ambiance était joyeuse et, avant que je m’éclipse, Chabrol m’avait entraîné dans son bureau. En rigolant, il m’avait dit: «Le cinéma les rend folles: regardez!». Il avait ouvert un tiroir rempli de photos de créatures plus ou moins dénudées, avec leur nom et leur numéro de téléphone. «Servez-vous!», avait-il ajouté en me donnant une tape dans le dos. Je lui avais alors raconté que Louise Brooks, l’idole de mes vingt ans, avait écrit dans «Lulu in Hollywood» que toutes les filles qui veulent faire du cinéma sont soit des folles, soit des putes. Et le plus souvent les deux ensemble. Je n’en avais jamais douté.
Plus récemment, j’étais en consultation chez mon cardiologue – un demi-siècle s’était écoulé – lorsque le téléphone a sonné. Le docteur B. a répondu et entamé une conversation qui m’a paru bien longue. Un peu gêné, après avoir raccroché, il m’a confié: «C’est un ami qui hésite à se faire opérer de la prostate». «Pourquoi?», ai-je demandé. Il m’a répondu en ricanant: «Parce qu’il est producteur de cinéma et qu’il est persuadé que s’il ne peut plus baiser ses actrices, il ne sera plus rien dans le monde du cinéma.»
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