Pourquoi l’Occident veut la guerre

Publié le 19 juillet 2024
Au nom des principes acquis et transmis depuis la victoire de 1945 contre le Mal, le monde occidental semble avoir perdu patience avec ses opposants internes ou externes. Le recours à la violence est désormais permis, peut-être même souhaitable. La tentative d'assassinat contre Donald Trump vient de jeter une lumière crue sur ces dérives.

Le corps du tireur n'était pas encore froid que j'ai commencé à recevoir des messages surfant sur le même thème: «Dommage qu'il ait raté son coup». A mesure que les heures passaient et que le monde découvrait les détails de ce scandale d'Etat, les blagues ont fait place à des théories. Trump allait retirer un tel bénéfice électoral de cette tragédie qu'il serait naïf de ne pas imaginer qu'il en fût lui-même l'inspiration. Se faire tirer dessus à plus de cent mètres et se faire transpercer l'oreille serait donc rien moins qu'un coup marketing. Ce diable de Trump en serait bien capable. Nous en sommes donc arrivés là.
Cela ne devrait surprendre personne. Il y a quelques années déjà que la polarisation du débat politique mène le monde vers la confrontation. Cette confrontation ne répond toutefois plus aux anciens clichés: conservateurs durs et intransigeants, et libéraux pacifistes et ouverts d'esprit. Les libéraux, en effet, se caractérisent désormais par leur intransigeance radicale et leur qualification de tout adversaire en ennemi mortel. Or on ne discute pas avec un ennemi, on le fait taire. Et si cela ne marche pas, on l'élimine.
La tentative d'assassinat contre Trump le 14 juillet faisait écho à celle, également manquée, contre l'ancien Premier ministre slovaque Robert Fico le 15 mai dernier pour des raisons similaires. Ces tentatives, accueillies par des rires et des blagues, agissent comme un révélateur: au nom de principes de plus en plus vagues, tout est donc permis, y compris le meurtre.
Les signes annonciateurs de cette dérive sont nombreux et anciens. On pourrait remonter jusqu'à la réaction américaine aux attentats du 11 septembre 2001. Ce fut le point de départ de plusieurs guerres sanglantes, permanentes, mais aussi inutiles, au nom de la démocratie et de ...

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