Vous cherchez une influence politique? Mais achetez-la donc!

Publié le 30 septembre 2017
L’argent et la politique reste un thème tabou en Suisse. Or le Conseil de l’Europe se fâche: notre pays est pratiquement le seul en Europe qui n’ait aucune législation, au niveau fédéral, sur le financement des partis. Cela changera-t-il? Peut-être si le peuple le veut. Une initiative sera déposée le 9 octobre (munie de 120 000 signatures) pour exiger que l’on y voie enfin clair.

Comme nous ricanons en découvrant les petits cadeaux que reçoivent les parlementaires français! Un candidat à la présidence qui se fait offrir des costards? Quelle horreur. En Suisse pourtant, ces gâteries intéressées abondent, elles font partie du système. Un groupe d’intérêts rétribue un conseiller national influent pendant des années, à raison du double de son indemnité parlementaire. Cela ne fait que quelques vaguelettes quand celui-ci prétend entrer au gouvernement. Et y parvient. Ce n’est pas un cas isolé. Nombreux sont ses collègues que les assurances arrosent pour maintenir leurs avantages. C’est connu, c’est accepté.
Et il tombe tant d’autres petites faveurs, ici et là, pour amadouer le monde politique. Un exemple? Le Sport-Toto invite ces messieurs-dames à une somptueuse soirée au Bellevue de Berne. Coût: un demi-million. Prélevé sur les gains qui devraient aller, selon la loi, à des buts d’intérêt public. Ailleurs, on appellerait cela de la corruption. 
Le plus grave est ailleurs: l’opacité totale dans le financement des partis. Depuis des années, le Conseil de l’Europe – dont la Suisse est membre, faut-il le rappeler? – s’alarme de cette lacune législative. Son dernier rapport, en juin de cette année, est très dur. Un groupe de travail a épluché les lois et règlements existants, a rendu plusieurs visites à Berne. Il reconnaît quelques progrès mais considère insuffisante la transparence sur les intérêts et les attaches des parlementaires, ainsi que sur le financement des partis.
Une affaire privée, vraiment?
Dans tous les pays voisins, les dons aux formations politiques sont limités et leur origine, pour les plus importants, doit être accessible au public. En Suisse, diverses officines «récompensent» les partis qui défendent leurs positions. La plus connue, p...

Ce contenu est réservé aux abonnés

En vous abonnant, vous soutenez un média indépendant, sans publicité ni sponsor, qui refuse les récits simplistes et les oppositions binaires.

Vous accédez à du contenu exclusif :

  • Articles hebdomadaires pour décrypter l’actualité autrement

  • Masterclass approfondies avec des intervenants de haut niveau

  • Conférences en ligne thématiques, en direct ou en replay

  • Séances de questions-réponses avec les invités de nos entretiens

  • Et bien plus encore… 

Déjà abonné ? Se connecter

S’abonner
Notification pour
0 Commentaires
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires

À lire aussi

Le cancer de l’Ukraine

La loi votée à Kiev pour supprimer les organes de lutte contre la corruption irrite la population et choque l’UE. Mais elle ravit les parlementaires qui l’ont plébiscitée et dont trois sur quatre sont millionnaires. Ce d’autant que leur mandat est échu.

Jacques Pilet

En Serbie, une révolution pour le 21e siècle

Samedi 15 mars, plus de 300 000 personnes se sont massées au centre de Belgrade pour protester contre la corruption. Peu évoqué ou soutenu à l’étranger, ce mouvement pourrait, et devrait inspirer les démocraties occidentales en perte de repères.

David Laufer
Accès libre

Corruption à Bruxelles. Possible en Suisse? Ah! non! Et pourtant…

Le Parlement européen a désormais une star déchue célébrissime dont il se serait bien passé. L’eurodéputée grecque Eva Kaili qui, avec ses copains, a reçu des valises bourrées d’euros en provenance du Qatar. Ce qui lui a valu de faire la Une des journaux, d’autant plus qu’il s’agit d’une fort (...)

Corruption d’accord, mais pas un mot contre le président

L’ex-député Iehor Firsov publie un commentaire dans la «Ukraina Pravda» remettant en cause le pouvoir en matière de corruption.

Nasser, dans la nasse suisse

Nasser Al-Khelaïfi était en Suisse ce mercredi 25 octobre pour être entendu par le Ministère public. Il a passé la journée dans le bureau du procureur général de la Confédération. Il fait partie des trois protagonistes de l’enquête sur un soupçon de corruption privée. Le président du Paris Saint Germain (...)