Un café pour la vie avec Georges Corm

J’ai appris à connaître Georges Corm dans les années 2000 et 2010 lors de ses passages au Club suisse de la presse à Genève, durant lesquels il déployait toute sa finesse d’analyse sur les conflits qui déchirent le Proche-Orient et les difficiles relations Orient-Occident. Finesse d’analyse mais sans finasseries de langage. Ce fin lettré, à la personnalité attachante et qui incarnait à lui seul les talents, la culture et la prodigieuse diversité de l’Orient «complexe» selon le cliché en vogue chez nous, ne mâchait pas ses mots lorsqu’il s’agissait de dénoncer la fabrication de l’Orient par l’Occident pour mieux le dominer; l’instrumentalisation des religions et des divisions confessionnelles pour mieux régner; la violence coloniale déployée contre les Palestiniens sous le couvert d’une odieuse falsification de l’histoire.
Avec lui, boire un café vous nourrissait pour une semaine.
Il a laissé une vingtaine de livres, tous importants, tous utiles. Mais à celles et ceux qui voudraient faire l’effort de comprendre les drames qui ensanglantent le Moyen-Orient depuis un siècle, la confusion mentale et le chaos de violences entretenu par les médias dominants pour légitimer les ingérences des puissances occidentales en Orient et ailleurs dans le monde, on lira avec profit L’Europe et le mythe de l’Occident (2009), Le nouveau Gouvernement du monde, qui décrit les mécanismes de l’hégémonie occidentale et annonce l’avènement d’un monde multipolaire quinze ans avant qu’on en parle (2010), et La nouvelle question d’Orient (2017), tous parus aux éditions de la Découverte.
À lire aussi