Tridel, douze ans de promesses schizophrènes

Publié le 20 décembre 2018
Il y a douze ans, l’usine d’incinération de déchets, Tridel, était mise en service. Avec beaucoup de promesses et un certain nombre d’interrogations. Comment justifier la capacité d’incinération de ce mastodonte au centre de Lausanne? Pour quelles raisons a-t-on dû importer des déchets de l’étranger? Pourquoi 70 passages de véhicules quotidiens sont-ils encore générés par l’activité de l’usine, malgré le tunnel ferroviaire? Pour comprendre les enjeux, Diana-Alice Ramsauer est partie visiter l’imposant four de la Sallaz.

L’araignée métallique au long bras articulé plonge dans la fosse à déchets. En cette journée de fin d’année, on peut y voir des sacs poubelles, des copeaux, une vieille tente et des déchets difficiles à identifier. Arrivés par train ou par camion depuis les quatre coins du canton (sauf la Broye), ces déchets sont ensuite broyés et incinérés. L’usine prend en charge tout ce qui n’est pas recyclable: les encombrants, les ordures ménagères et certains déchets d’entreprises privées.
La chaleur des fours est ensuite récupérée pour alimenter le chauffage à distance. Tout ce que l’on trie, papier, bouteilles en PET ou en verre sont «valorisés» dans d’autres lieux. D’ailleurs, on ne devrait pas dire de Tridel qu’elle est une «usine d’incinération», mais une «usine de valorisation thermique et électrique de déchets». Cela en dit long sur le soin donné à la communication.
Un blason à redorer
Les responsables de l’usine d’incinération Tridel ont récemment pris la décision d’arrêter toute importation de déchets venus de l’étranger – car oui, jusqu’à cette année, des ordures principalement ménagères venaient des pays voisins et particulièrement de l’Italie du Nord (6% en 2017). Selon Jean-Philippe Petitpierre, administrateur délégué de Tridel et guide, cette importation était «pratique». Elle permettait en effet d’apporter de l’énergie supplémentaire pour l’usine: un pouvoir calorifique nécessaire pour lancer la machine au début de sa mise en marche, alors que la région de Nyon n’était pas encore reliée à Lausanne (un périmètre qui a rejoint Tridel en 2013). «Une manière de combler un manque en attendant», commente-t-il.
Il aura fallu pourtant cinq ans après l’arrivée de la région de Nyon pour que cette importation provisoire cesse. «Nous avons pris cette décision pour l’image de m...

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