«Dès l’instant ou une vanne blesse quelqu’un, ce n’est plus de l’humour»

Publié le 11 avril 2018

© Maxime Berger

Le livre «Leçons d'humour» de Bruno Humbeeck, auteur belge et docteur en psychopédagogie, retrace l'histoire du rire, son développement depuis notre venue au monde et explique en quoi le rire, rassembleur, peut être également destructeur. Loin de prôner l'utilisation d'un humour qui ne serait que bienveillant, l'auteur soutient que nommer les choses est la clé pour parvenir à distinguer l'humour de la moquerie et pour savoir quand utiliser l'un ou l'autre: «Si vous confondez tout, vous allez devenir violent sans même le vouloir. Le fait de nommer moquerie, sarcasme, ironie, c'est peut-être le seul intérêt du bouquin». Et c'est lui qui le dit.

Quel diagnostic posez-vous sur l’utilisation de l’humour aujourd’hui, notamment dans les médias?

Il y a une grosse confusion. Je dirais même plus qu’un mélange, un salmigondis. Tout est mélangé parce qu’on utilise le même mot «humour» pour des actes qui étaient, à l’origine, plus subtilement séparés. Ce qui crée la confusion entre les deux formes de rires (bienveillant ou agressif), c’est qu’on nous présente un cadre ludique dans lequel on se dit qu’il ne va rien nous arriver de dommageable, et c’est ce cadre apparemment sécurisant qui va permettre de soutenir que les attaques qui y sont proférées ne sont que de l’humour. C’est le cas pour les émissions de Ruquier, d’Hanouna, pour tous les «systèmes de la déconne». Par exemple dans une émission comme «On n’est pas couché», on prétend être dans un espace bienveillant avec un présentateur qui est plutôt conciliant avec les invités («On est entre nous, tout va bien») mais il est toujours accompagné d’acolytes qui, eux, ne sont pas là pour rire. Si vous observez Christine Angot, elle n’essaie pas d’être drôle, elle défend simplement son territoire qui est celui de l’écriture en déchargeant de l’agressivité sur les invités, pour les démonter et faire sensation. C’est le contexte qui joue sur cette confusion entre l’humour agressif et l’humour bienveillant, que nous, les Belges, connaissons mieux.

L’humour serait-il donc plus bienveillant ou rassembleur en Belgique?

Il ne faut certainement pas tout généraliser mais sur le plan des médias, par exemple, les chroniqueurs n’ont...

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