Peter Maurer, patron du CICR, est un rebelle

Publié le 20 mars 2018
La Croix-Rouge internationale s’est souvent réfugiée dans des déclarations diplomatiques et prudentes pour pouvoir mener son action en toute circonstance. C’est fini. Son directeur, Peter Maurer, parle «cash» comme on dit. Il se rend au cœur des tragédies, son organisation agit, et lui, ose s’exprimer. Il était tout récemment dans la Ghouta orientale. Ses déclarations n’ont pas fait la une. Elles ont eu peu d’écho. Et pour cause. Maurer est un rebelle. Il n’entre pas dans les schémas simplistes et manichéens qu’imposent les médias «mainstream» occidentaux.

Pour ceux-ci, la tragédie syrienne est simple. Le tyran Assad, soutenu par les Russes et les Iraniens, massacre la population qui refuse la dictature. Alors que l’on sait que la rébellion est menée depuis des années par des groupes islamistes armés par les pays du Golfe, les Américains et des Européens. Ces djihadistes ont semé le feu, le sang et la terreur. Que l’Etat réagisse avec une brutalité atroce, personne ne le nie. 
Quant à la Turquie qui vient d’attaquer son voisin syrien et de s’emparer d’une ville, Afrine, où vivent nombre de Kurdes qui ont participé au combat contre l’Etat islamique, elle échappe à l’opprobre international. N’est-elle pas membre de l’OTAN?
Par ailleurs, on ne parle guère d’une autre guerre, tout aussi abominable, celle du Yémen où une coalition saoudite-occidentale écrase une révolte chiite soutenue par l’Iran. A noter qu’Américains et Européens décrètent des sanctions contre la Syrie, la Russie et l’Iran pour leurs agissements, mais aucune à l’endroit de la Turquie et de l’Arabie saoudite, non moins impliquées dans l’horreur.
Une logique du talion
Peter Maurer se dit «fatigué et écœuré des arguments vains pour justifier les violations flagrantes du droit contre les civils». Il faut le lire: «Ma visite en Syrie cette semaine m’a conforté dans mon opinion que les conflits dans la région s’imposent désormais comme une nouvelle normalité effrayante. Les batailles menées selon la logique du talion ne cessent de gagner en intensité, sans que l’on se préoccupe de leur impact dévastateur sur les civils. Le niveau de souffrances dans la Ghouta orientale est le dernier exemple de cette triste réalité, et il en va de même à Afrine ainsi qu’à Mossoul, Sanaa et Taïz. Trop souvent, la destruction semble être un objectif en soi, au mépris des normes fond...

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