Pandémie patriarcale

Publié le 12 mars 2020
Que peut-il y avoir de plus contagieux que le coronavirus Covid-19..?

Paulina Dalmayer

Il vous est enjoint de vous désinfecter les mains, de porter un masque, d’éviter les rassemblements, voire de rester confinés chez vous? Mesures inopérantes face à cet autre virus, bien plus mortel que le Covid-19: le virus patriarcal. «On considère que ce n’est pas le coronavirus qui doit faire peur, mais une pandémie patriarcale qui viole toutes les sept minutes une femme, qui assassine une femme toutes les 48 heures, qui justifie les discriminations et les violences sexistes.»; ce sont en substance les paroles du nouvel Evangile, répandues avec panache et conviction par les Amazones des Femen, à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes. Torse nu, gants de protection, armée de pulvérisateurs, la task force du sexe opprimé a symboliquement récuré la place de la Concorde des miasmes du passé misogyne de l’humanité. Le jour même, le premier d’une nouvelle ère, les slogans «Mort aux mecs!» ou, dans un registre plus charitable, «Tous les mecs sont des connards, même le tien!», ont fleuri sur les murs de la ville-lumière. Nous y respirons désormais l’air vivifiant de la vindicte et de la revanche. Les espoirs de guérison totale du corps social nous sont permis, et ce à l’échelle du globe. Car même si dans certaines parties du monde- à Hollywood ou à Paris- les femmes souffrent davantage de la domination masculine qu’ailleurs, la lutte se veut universelle. 
  Objectif inatteignable à peine quelques jours plus tôt, la convergence des «dynamiques féministes» est devenue soudain réalité. La sensibilité de la romancière Virginie Despentes y est pour beaucoup, l’histoire retiendra son nom. Déclarant que les «puissants aiment le viol» car le viol est ce qui fonde précisément «leur style», la démissionnaire de l’académie Goncourt a réussi à fé...

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