«Mon colon, celle que je préfère, c’est la guerre de quatorze-dix-huit»

Publié le 12 novembre 2018
Bizarre… En ce temps de commémoration, les radios ne passent guère la chanson de Georges Brassens. Le doux provocateur. Il a raison pourtant. La Première Guerre mondiale fut la plus folle. Parce qu’au début personne ne la voulait. Puis tout le monde en a rêvé. Tous s’y sont lancés. Et ce fut une atroce tuerie. Emmanuel Macron et une ribambelle de présidents ont pris des airs pénétrés pour en saluer la mémoire. Mais en ont-ils tiré toutes les leçons? Pas sûr, quoi qu’ils en disent.

D’abord, ce qui choque, dans cette «itinérance mémorielle» — ah! la belle formule! – du président de la République dans l’est de la France, c’est que tout est ramené à l’affrontement France-Allemagne. On ne parle guère des centaines de milliers d’Africains et d’Asiatiques entraînés dans une boucherie qui ne les concernait pas. Peu de mots non plus sur les millions de Russes, de Turcs, de Grecs, de Balkaniques sacrifiés aussi dans la tourmente qui fut réellement mondiale.
La Seconde Guerre mondiale, épouvantable bien sûr, était différente: elle a été voulue par un homme, par une folie. Les autres l’ont subie, menée et ont vaincu. L’engrenage de 14-18 est plus complexe parce que les responsabilités étaient partagées. Toutes sortes de causes s’entremêlèrent. Et ce fut une tragédie commune. Y réfléchir aujourd’hui, alors que les nationalismes montent, alors que des belliqueux de tous poils s’égosillent, cela a du sens.
Macron se donne une belle image en convoquant un «forum de Paris pour la paix». Très bien. Ce serait mieux avec un brin d’autocritique. Rétrospective par rapport à ce passé qui remonte. Par rapport aux politiques nationales d’aujourd’hui souvent peu portées à l’action internationale commune. Certes, le discours du président avait de la tenue. Lorsqu’il rappelle que le nationalisme, c’est la trahison du patriotisme. Lorsqu’il en appelle à la concertation des nations plutôt qu’aux rodomontades. D’ailleurs, Trump ne s’y est pas trompé en boudant la manifestation, filant rendre hommage aux seuls soldats américains tombés en 14-18. Netanyahou s’envolant sous prétexte de tirs à Gaza... Mais franchement, la France est-elle crédible dans son rôle de grande prêtresse de la paix universelle alors qu’elle est la troisième exportatrice d’armes dans le monde? L’a fourni...

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