Masques volés, les détails choquants d’une voyouterie d’Etat

«C’est une histoire très honteuse», dit au quotidien italien La Repubblica Lukas Lev Cervinka, le chercheur tchèque qui a dénoncé le scandale: 680’000 masques, en route depuis la Chine vers l’Italie en détresse, volés au passage par la République tchèque, l’arnaque n’est en effet pas banale. C’est le journal radio de la RAI Gr1 qui a révélé l’affaire à son public, relayant les informations diffusées par différents médias tchèques, dont le quotidien économique Hospodarské Noviny. Comme quoi: la République tchèque est certes affublée d’un état voyou, mais elle peut compter sur une presse et des citoyens droits dans leurs bottes.
Dans La Repubblica de samedi, Lukas Lev Cervinka livre les détails du méga larcin. Ils sont accablants pour le gouvernement présidé par l’homme d’affaires populiste Andrej Babis. Car, non contents de subtiliser la cargaison de masques, les hommes forts de Prague ont essayé de tirer un bénéfice politique de leur forfait, via un mensonge aussi pervers que culotté: mardi 17 mars, le ministère de la santé faisait savoir qu’il avait séquestré un cargaison suspecte de masques et de respirateurs. Ce matériel avait soi-disant été volé par des criminels sans scrupules qui s’apprêtaient à l’écouler à prix d’or sur le marché international…
En réalité, les containers étaient étiquétés on ne peut plus clairement comme relevant de l’aide humanitaire chinoise pour l’Italie. Lukas Lev Cervinka en diffuse des photos, les médias tchèques font leur travail et le scandale éclate. Le ministère de l’intérieur a fini par reconnaître et «regretter» ce «malentendu» mais, précise encore le chercheur, il l’a fait via Twitter, en soignant une formulation floue: «Il manque encore, de la part du gouvernement, une reconnaissance claire de culpabilité et, à ma connaissance, des excuses officielles à l’Italie.»
Les Italiens verront-ils la couleur de leurs 680’000 masques? Les Tchèques disent être «en contact» avec les deux parties pour résoudre le problème. Mais, selon Hospodarské Noviny, l’entreprise chargée du transport de la cargaison a jugé plus opportun d’organiser un nouvel envoi.
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