Le poison qui tue la presse: la redondance

La presse romande s’étiole, faute de se démarquer. – © DR
La presse dite de boulevard, tant décriée par les âmes sensibles – et hypocrites –, est un outil de liberté. Mais sous cette étiquette, tant de réalités différentes. Le Matin ne ressemble pas au Blick qui lance des campagnes, met en scène la politique avec panache, joue avec les émotions mais éclaire aussi des dossiers compliqués. Son cousin romand est plus «soft», comme on dit. Mais outre sa couverture remarquable du sport, il a su maintes fois raconter petites et grandes «affaires» avec une liberté de ton que les journaux «sages» avaient peine à trouver. Néanmoins, ses chances de survie ont fondu dès lors qu’apparut la puissante machine de 20minutes. Le gratuit, c’est autre chose. C’est la platitude absolue. La futilité érigée en système. Pas d’enquêtes, pas d’idées, pas d’émotions fortes non plus, ni coups de gueule ni coups de cœur. Un magma de nouvelles d’agences et de potins, un choix de faits divers minuscules et pasteurisés. A noter: les trois quarts des infos «people» sont nord-américaines, fournies précuites par les agences. Comme si c’était notre monde. Comme s’il manquait, près de chez nous, d’histoires et de personnages piquants.
Là, on ne peut plus parler de journalisme, tout juste d’un bruit de fond. Tout est passé à la moulinette de l’ultra-raccourci. Une forme de décervelage doux. On nous dit qu’aujourd’hui Le Matin survivra par le net. Espérons. Sans illusions; dans leur forme actuelle, ses pages électroniques ressemblent trop à celles de 20minutes pour lui laisser une réelle chance....
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