Le Jura bernois ne veut pas de Delémont? Alors ce sera Bienne

Publié le 22 juin 2017
Moutier vient de décider par référendum son rattachement au canton du Jura. Quid, maintenant, du reste du Jura bernois? Dans le documentaire «Ici c’est Moutier» diffusé dimanche 28 mai par la RTS, le ministre jurassien Charles Juillard a gaffé en évoquant le sort de Roches. Cette commune, a-t-il dit, l’espérant fortement, pourrait rejoindre le Jura pour cause de futur enclavement quasi-total. Mais la question qui se posera peut-être prochainement pour Roches, risque de se poser en cascade pour d’autres communes du Sud du Jura resté bernois.

Rapide retour aux sources. Sans l’additif constitutionnel de 1970, pas de plébiscites, mais pas de Jura coupé en deux non plus. La logique historique aurait voulu que le Jura des sept districts (Ajoie, Delémont, Franches-Montagnes, Laufon, Moutier, Courtelary et La Neuveville) forme un canton. Mais une autre histoire s’est écrite, celle d’un démembrement organisé et approuvé par les districts du Sud. Cela s’est fait sur des bases culturelles et confessionnelles. Il n’en reste pas moins que le Jura forme une entité réelle. Roland Béguelin l’autonomiste, de Tramelan dans le district pro-bernois de Courtelary, était protestant.

Le transfert de Moutier dans le canton du Jura étant désormais programmé, que deviendra le Jura bernois dans le canton de Berne? Pas sûr que l’hémorragie s’arrête à Moutier et peut-être Sorvilier et Belprahon, deux autres localités du district prévôtois appelées à se prononcer après l’été sur une rupture avec Berne en faveur du Jura canton. A l’avenir, d’autres communes encore, le cas échéant, pourraient basculer. Ou pas.

Jura bernois en sursis?

Si le canton de Berne veut garder une minorité francophone, il doit sans doute imaginer une formule originale, une sorte d’autonomisation du Jura bernois, par exemple. Et faire de Bienne un grand centre d’attractivité francophone, ce qu’elle n’est pas aujourd’hui. Bienne a vocation à devenir le chef-lieu du Jura bernois, qui, après le départ de Moutier, n’a plus que des communes de la taille de villages, dont les plus grands, Saint-Imier et La Neuveville, n’atteignent pas 6000 habitants. Comment le district de Moutier pourra-t-il exister sans Moutier (la future Moutier jurassienne administrera-t-elle le reste du district resté bernois? Pourquoi pas.) Bref, le Jura bernois semble en sursis. Son avenir pourrait passer par une biennisation (à condition que Bienne ait un statut francophone renforcé), ou par un rattachement au Jura, voire par un démembrement volontaire entre différents cantons. Il serait étonnant que la question jurassienne soit finie, comme l’affirme avec un peu trop d’empressement depuis dimanche la Berne cantonale. Le peuple jurassien reconnu dans la constitution bernoise en 1950 a par la suite été divisé par Berne. C’était une erreur, même si celle-ci reposait sur une vision confessionnelle des débats.

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