«Le Jeu de la dame»: décryptage alcoolisé

Publié le 29 décembre 2020
Des échecs, oui. Une protagoniste attachante, oui. Un succès phénoménal, aussi! Beaucoup d’encre a coulé. Il y a de quoi. Le Jeu de la dame reste depuis sa sortie en fin octobre au TOP 10 de chez Netflix. On l’a assez dit, cette mini-série compte des qualités majeures. Une image soignée. Un scénario qui prend aux tripes. Une histoire qu’on n’oublie pas. Jeune orpheline, qui arrive au sommet grâce à un jeu, qui devient plus qu’un jeu. Des «Tout savoir sur les échecs avec Le Jeu de la dame» aux «5 raisons qui font le succès du Jeu de la dame», on a tout dit. Ou presque… Et si nous parlions alcool maintenant?

Alcool omniprésent. Dès l’ouverture dans le premier épisode. Conséquence des penchants très penchés alcooliques de la protagoniste. Elisabeth Harmon est réveillée brusquement. «Boum, boum, boum», à la porte de sa chambre d’hôtel. «Mademoiselle Harmon, nous sommes en train de vous attendre». Enivrée de la veille. Veille de la finale du championnat d’échecs de Paris. Nauséeuse, en sueur, en angoisse. Elle s’était promis de ne pas boire. Mais voilà. Une invitation. Un verre. Et puis un autre. Et c’est foutu. Inutile de vous dire que la partie finit mal pour la jeune. Pas habituée à perdre. Humiliée, en souffrance, au bout du bout. 
Origines alcoolisées
Jeune prodige, oui. Alcoolique, aussi. Origines de la dépendance, dans l’orphelinat où elle a passé quelques années de sa vie. On lui prescrit des pilules marrons pour faire le plein d’énergie, des pilules vertes pour stabiliser l’humeur. Ce n’est pourtant qu’une gamine. Et gamine, justement, elle découvre les effets surprenants des pilules vertes. La dépendance s’installe. Avec ces pilules, elle a l’impression de devenir meilleure dans sa nouvelle passion: les échecs. Le soir, hallucinations. Elle visualise au plafond ses parties d’échec de la journée, qu’elle rejoue et corrige. Qui l’habitent. Totalement. Elle devient dépendante. Du jeu et des pilules. Les années passent, adoption, et redécouverte des ces pilules. C’est sa mère adoptive qui en prend. Elle est dépressive. Et alcoolique. Doux mélange que dégote Elisabeth en mélangeant le médicament à l’alcool. 
Sans le montrer explicitement, la mini-série laisse comprendre que le rapport des personnages à l’alcool vient d’un manque. Celui de la mère adoptive, c’est le manque d’amour. Clairement. Gravement. Son mari la méprise et l’ignore au plus haut point. Seule à la maison...

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