Le formatage des séries télé n’exclut pas des moments de grâce

Publié le 11 décembre 2020
La nouvelle série télévisée romande intitulée «Cellule de crise» en impose par sa performance technique label suisse. Mais à l’apparence toute lisse, voire froide de ce feuilleton aux situations souvent «téléphonées», heureusement humanisé par l’aura de quelques interprètes, s’oppose la constante et vibrante émotion de «The Virtues», merveille du genre à découvrir sur ARTE.

Je me demande souvent ce qui distingue l’art de la fabrication, et j’en reviens toujours à cette conclusion qui vaut pour tous les domaines de l’expression humaine et dans toutes les cultures, qu’un mot dégagé de sa connotation théologique cristallise: la grâce.
La grâce distingue le beau du joli, la grâce distingue le bon du sympa, la grâce distingue le vrai du vraisemblable, la grâce distingue enfin le juste du faux.
Tout cela est évidemment relatif, comme il en va de la distinction du bien et du mal aux yeux du binoclard batave Baruch Spinoza, mais c’est le plus bel exercice, au clavier de l’enfance de tous les âges,  que de distinguer les touches noires des blanches, la gradation du do du dessous au do du dessus en passant par l’escalier de la gamme avant de plaquer des accords parfaits selon la technique ou d’esquisser une première mélodie sous l’effet imprévisible de la grâce.
Ce qui distingue l’art de la technique relève de la grâce. Il n’y a pas d’art sans technique, mais l’apparition de la grâce ou sa perception ne relève d’aucune technique, pas plus que ce qu’on appelle l’intuition ou ce qu’on appelle l’inspiration.
Cependant ce discours reste trop abstrait et général. Manque d’exemples et ensuite de nuances. Manque d’objets. Voyons donc ce qu’on a de plus récent, en magasin, aux rayons voisins de la fabrication et de l’art…
Un genre souvent sous-estimé, parfois à tort…
Vous, je ne sais pas, mais pour ma part, me prenant peut-être trop au sérieux en tant que «pur littéraire» n’appréciant que le «grand cinéma», je me suis longtemps  fait des séries télévisée une idée globalement négative à l’époque des Dallas, Dynasty et autres Urgences.
J’avais tort, et c’est un «grand» du cinéma, du nom de David Lynch, qui me l’a fait découvrir le premier en prouvant  qu’on p...

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