La vie mosaïque de Niki de Saint-Phalle

Publié le 8 septembre 2020

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Née en 1930, morte en 2002, la sculptrice a mené une existence de femme et d’artiste libre, engagée, autodidacte, réalisant des œuvres monumentales dans le monde entier. Une biographie «totale» relate sa vie, évoquant notamment le lourd secret de son enfance et sa vie avec le sculpteur fribourgeois Jean Tinguely.

Trencadis* est le troisième livre de Caroline Deyns. Une biographie totale à la construction très personnelle, qui multiplie les approches, aussi bien typographiques que psychologiques et historiques. Tentant d’être aussi agile, légère et inventive que la sculptrice, l’auteur ne néglige aucune piste, les explorant toutes, celles propres à l’époque autant que les invariantes, les historiques et les psychologiques, pour rendre justice à un monde plein d’odeurs, d’images et de sons, d’onomatopées pop, plein de rapports passionnels et déments, de personnages de jeu de tarot, d’art brut et de mœurs libérés si caractéristiques des années 60. On retrouve Andy Wharholl, le triomphe du Pop, les luttes des noirs, car Niki de Saint-Phalle, avec sa double nationalité, est très en phase avec l’actualité des USA. On la suit aussi dans sa découvert du Facteur Cheval, de l’œuvre d’Antonio Gaudi à Barcelone ou de celle de Brancusi à Paris.

Voilà donc un inventaire, une revisitation post #Metoo de la vie et de l’œuvre d’une artiste autodidacte, devenue fameuse aux temps des Nouveaux Réalistes en peignant à la carabine dès 1961. Une femme à la magnifique carrière, qui a réalisé des œuvres monumentales sur tous les continents, une artiste géniale qui résiste à son histoire et qui s’en échappe par tous les bouts.

Abandons

Née en 1930 et morte en 2002, Niki de Saint-Phalle fut mannequin pour Vogue et Life Magazine, et puis, après une tentative de suicide en 1952 et un internement avec électrochocs, artiste. En 1961, elle adhère aux Nouveaux Réalistes et devient instantanément...

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