La santé, pas bonne pour les pharmas !

Publié le 2 mai 2018

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Voilà qui n’est pas à l’usage du public : un mémo de la banque d’investissements Goldman Sachs adressé à un cercle de clients dans le domaine de la pharma. Mais le canal économique américain CNBC en a donné des éléments le 11 avril. En résumé et en substance : il ne faut pas guérir les patients trop vite si on veut leur vendre des médicaments à long terme.


Urs P. Gasche Infosperber


L’auteure de ce texte, l’analyste Salveen Richter, vice-présidente de la division Recherche, écrit: «Les traitements qui apportent la santé en une seule fois, comme la thérapie génétique, des cellules modifiées génétiquement, sont attractifs.» 

Ils le sont moins pour l’industrie pharmaceutique. Le mémo cite comme exemple le traitement génétique de l’hépatite C, un succès. Du coup, les médicaments comme le Salvodi et le Harvoni se vendent moins. «Parce que le nombre de patients traités ainsi diminue.» Là où la technologie génétique est employée, il y a effectivement toujours moins de personnes infectées par l’hépatite C.

C’est une des raisons pour lesquelles les chiffres d’affaires de plusieurs milliards réalisés par ces deux médicaments fondent depuis 2015. Ce qui a provoqué la baisse de l’action du groupe Gilead qui les produit.

«Est-ce que la guérison des patients est un modèle durable?» demande l’auteure à la branche de la médecine biotechnologique. Question certes rhétorique. 

«Pour que le business pharmaceutique reste rentable, il faut que le nombre de patients reste stable.»

Ce mémo financier confidentiel a fait quelques titres dans les médias anglo-saxons. A commencer par la chaîne CBS le 11 avril. Le site Huffington Post en allemand s’en est fait l’écho. Ainsi que le site Epoch Times. En Suisse, il n’en a été fait aucune mention.

Afin que les entreprises pharmaceutiques trouvent assez de patients à l’avenir, Goldman Sachs leur donne les conseils suivants:

– chercher les grands marchés; s’occuper des maladies répandues dans les régions à bon pouvoir d’achat

– faire des médicaments pour les maladies fréquentes, d’abord pour celles qui provoquent des effets pénibles et durables

– favoriser les innovations constantes et l’élargissements de l’offre, car il y a encore des centaines de maladies qui peuvent générer du chiffre d’affaires et des profits.

Commentaire du Huffington Post: «La souffrance, la peur et les maladies, c’est bon pour le commerce.»


L’article en allemand d’Infosperber: «Gesunde Menschen sind schlecht für Pharmafirmen»

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