Meurtres et disparitions: l’Enquête nationale désespère les familles

Publié le 6 avril 2018

Justin Trudeau a été critiqué lors d’une veillée à Ottawa mercredi 14 octobre 2017, sur le traitement de l’enquête sur les femmes autochtones disparues et assassinées. – © Canadian Press, YouTube

C'est l'une des grandes décisions du gouvernement canadien: une enquête promise aux familles de 4000 femmes et filles autochtones disparues et assassinées ces quarante dernières années. Justin Trudeau avait décidé en 2015 de doter l'état fédéral canadien d'une organisation dans les provinces et les territoires qui permette enfin aux familles et proches de rétablir la communication avec les autorités pour en savoir plus sur les causes de ces disparitions et assassinats. La colère et l'incompréhension ont depuis grandi face à l'inefficacité et la violence qui ont caractérisé les échanges entre les familles et ceux qui ont été recrutés dans le cadre de cette «Enquête nationale» pour leur venir en aide. Une lettre ouverte à l'attention de la ministre en charge des affaires autochtones Carolyn Bennett demande la suspension de cette Enquête et une totale remise à plat.

Cette «Enquête nationale» s’est transformée en désastre national pour les membres des communautés de «premières nations» autochtones vivant au Canada. La dureté des attitudes – décrites comme humiliantes et «colonialistes» par des familles laissées dans le brouillard – de la machine administrative, ainsi que le verrouillage ferme de la communication en sont les causes principales. Cette «Enquête» devait pourtant permettre de rouvrir des cas de viols, meurtres et disparitions jamais élucidés, des cas laissés dans des dossiers à peine renseignés, sans le moindre début d’investigation digne de ce nom. Cette organisation avait pour but de retrouver la trace des sœurs, cousines, mères ou épouses disparues ces quarante dernières années sur tout le territoire canadien, ainsi que dans des États du pays voisin, les États-Unis. Elle devait aussi conduire à la réouverture des dossiers laissés en sommeil, aboutir à des interpellations, des inculpations, des condamnations… Mais rien ne tout cela ne s’est produit. 

L’apport financier de 53,8 millions de dollars canadiens (40,5 millions de francs) sur deux ans entre 2016 et 2018 a certes permis d’ouvrir des bureaux pour recevoir des familles, procéder à l’enregistrement de certains témoignages. «Mais cette somme importante a mené à une véritable gabegie administrative et managériale dans la façon de gérer les rapports entre des familles et une administration accusée aujourd’hui par ces mêmes familles de les victimiser», raconte Maggie Cywink, conseillère spéciale du ministère du procureur général de la province d’Ontario, affectée aux affaires judiciaires liées aux populations indigènes. «La gestion de cette « Enquête...

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