«Je leur dis quoi, pour ce Courbet?»

Publié le 6 septembre 2017
Tout a commencé un matin d'automne par une lettre d'une banque zurichoise adressée l'Office de la Culture du canton du Jura (OCC). Un legs testamentaire, un tableau: «Paysage du Jura», un nom: Gustave Courbet. Christine Salvadé, cheffe de l'OCC, raconte à Bon pour la tête l'histoire fabuleuse d'un cadeau inespéré.

«Ils ne savent pas trop ce qu’il faut faire…». Germaine travaille au secrétariat de l’Office de la culture du canton du Jura. Elle arrive un peu gênée un matin, avec toutes les craintes de celle qui dérange la cheffe avant le premier café. Germaine se charge de l’administration de la commission jurassienne des arts visuels chargée d’évaluer les acquisitions d’œuvres d’art pour le canton. Elle me tend une lettre, une de plus qui va finir sur la pile, me dis-je, comme si je n’avais que cela à faire. Je jette un coup d’oeil pressé à la lettre de Germaine: elle vient d’une banque zurichoise, annonce en noir et blanc, corps dix ou onze, que le dénommé Hugo Berthold Saemann, décédé à Zurich en octobre 2015, lègue «Jura Landschaft» de Gustave Courbet au «Kanton Jura». Les membres de la commission ont bien tenté quelques recherches, ils n’ont pas trouvé la trace de cette œuvre-là. «Je leur dis quoi?», me demande Germaine.
Il est beau, au moins, ce tableau?
Nous sommes à l’automne 2016 et la rentrée nous aspire. La dame de la banque zurichoise qui fait office d’exécutrice testamentaire veut savoir assez vite si le «Kanton Jura» accepte le legs. «Je leur dis quoi?» La question de Germaine se perd dans mon silence. Je suis sceptique. L’urgence, paraît-il, n’est pas la meilleure des conseillères. Je n’ai jamais reçu de Courbet, ni aucun membre de mon service, ni aucun musée du canton, ni aucun service de l’administration jurassienne, d’ailleurs.
Chercher de l’aide, s’adresser aux plus compétents, tout en respectant les budgets. Et donc négocier un délai avec la dame de la banque, qui m’assure que de délivrer un certificat d’authenticité dépasse ses attributions. Et elle part bientôt en congé maternité, merci au «Kanton Jura» d’accélérer. J’appelle alors l’historien d’art Niklaus Ma...

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