«Comme un obscur désir de guerre»

Il note qu’avec la surenchère des invectives et des exigences de part et d’autre, «chacun brûle ses vaisseaux, de manière à s’empêcher tout retour en arrière». Il déplore que les condamnations à répétition du Conseil fédéral font en sorte «qu’il n’y a plus d’Etat neutre qui rappellerait cette évidence que plus les moyens sont dévastateurs et plus il convient de sous-enchérir plutôt que d’en rajouter».
Olivier Delacrétaz s’interroge sur nos réactions de témoins: «Le désordre de la guerre se prolonge dans les têtes. Même si l’on ne désire pas explicitement une aggravation de la guerre, on s’habitue passivement à l’idée. Et on finit par l’attendre, voire la désirer…» L’éditorialiste conclut sur une hypothèse qui a de quoi nous troubler: «Tout se passe comme si, tout au fond d’eux-mêmes, dans cette obscurité où la raison et même les sentiments n’ont pas leur place, les peuples, et plus encore leurs chefs, en avaient assez de la paix. La paix entre les nations, on le sait, n’est jamais qu’un équilibre précaire. Peut-être que cet équilibre contraignait depuis trop longtemps les nations européennes à refouler trop de pulsions animales élémentaires, et que le conflit ukrainien a fourni à cette partie souterraine de nos sociétés une occasion de sortir au grand jour et de prendre la direction des opérations.»
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