Allô papa bobo

Publié le 5 novembre 2018
Non, le sérieux n'est pas toujours là où l'on croit. Cette chronique d'Anna Lietti paraît tous les mois dans 24heures.

Qui l’eût cru, eux aussi! Les pères souffrent de dépression post-partum dans une proportion presque égale (10,4%) à celle des femmes (12%). C’est l’impressionnant constat d’une recherche issue de la Haute école de santé de Genève*.
Comment se fait-il que nous n’ayons rien vu? Réponse des chercheuses: parce que les hommes en souffrance consultent moins. Mais aussi parce que leur souffrance prend des formes très très déguisées, à mille lieues du lacrymal baby-blues maternel.
Exemples: ils tombent urgemment amoureux d’une collègue de bureau. Ils flambent les économies du ménage au casino. Ils cognent. Ils partent en mission professionnelle longue durée au Kamtchatka. Ça s’appelle le mécanisme de réponse combat-fuite (fight or flight) et si on vous l’explique comme ça, je suis sûre que vous aussi, finalement, vous vous dites que vous connaissez un tas de pères en dépression périnatale. A l’adresse de Madame, le message des chercheuses est donc: si votre homme part au Kamtchatka ou prend une maîtresse pile pendant votre séjour à la maternité, ce n’est ni un salaud ni un connard. C’est un homme qui a besoin d’aide.
Face à ces avancées de la recherche, j’hésite entre l’exaspération et l’optimisme. L’exaspération: on me prend pour une demeurée ou quoi? Quand quelqu’un fait l’imbécile, c’est qu’il ne va pas bien, j’avais percuté, merci. Tous les tueurs en série ont eu une enfance difficile, ok.
Et après? Le vieux problème embêtant est que bien des personnes qui vont mal ne ressentent aucun besoin de se faire aider. C’est valable pour le tueur en série comme pour le nouveau père infidèle ou work-addict. Est-ce que le thérapeute va aller attendre Monsieur à la sortie de son cinq à sept pour lui dire: vous avez perdu pied, on va vous soigner? Est-ce qu’il va appeler son chef po...

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