Les SUV, une espèce (peut-être) en voie de disparition

Publié le 22 novembre 2019
Grands pollueurs, les sport utility vehicle (SUV) n’ont pas de beaux jours devant eux. A en juger par plusieurs pétitions et dispositions à travers le monde, ces véhicules de plus d’1,5 tonnes ne vont sans doute pas tarder à être fortement taxés. Et donc, peut-être, à disparaître progressivement, au bénéfice de la planète. Petite revue de presse.

«Ça s’en va et ça revient», voilà comment Claude François définissait la chanson populaire. La mode, c’est précisément l’inverse: ça vient et ça repart. Cela semble être le cas des voitures SUV, qui faisaient leur entrée dans la gamme des modes occidentales à l’orée des années 2000 et qui semblent destinées à une vie plus courte que ce que l’on imaginait. C’est du moins ce que se demandent de plus en plus de nos confrères en Europe et aux Etats-Unis.

La spécificité du sport utility vehicle? Il est plus haut et plus lourd qu’une voiture lambda. En somme, 100% viril. Et ce n’est pas tout: il offre de grandes capacités de tout-terrain ou de remorquage. De quoi convaincre tous les beaufs de cette partie de la planète – et pas seulement en montagne… Très prisés au début de notre siècle aux Etats-Unis puis en Europe, la cadence s’accélère dès 2012. Avec des effets non négligeables en termes d’accidents et de pollution.

Les accidents, d’abord. En France, le média Slate rappelle que «ces 4×4 rebaptisés occupent plus de place que des voitures classiques et sont plus dangereux pour les personnes qui se déplacent à pied ainsi que pour les cyclistes en cas de collision». La raison est simple: le centre de gravité de ces véhicules est plus élevé, ce qui augmente le risque de tonneaux, notamment. Et toute le monde sait que ce ne sont pas les petites bêtes qui mangent les grandes, mais plutôt le contraire. Des chiffres? En voici: le National Post nous informe que «pour chaque 450kg ajoutés au poids d’une voiture, un véhicule a 40% plus de chances de transformer un accident survivable en une collision mortelle.»

La pollution, ensuite. «Il serait temps de considérer la possession d’un SUV comme aussi antisociale que la cigarette», peut-on lire dans un éditorial de l’Irish Examiner. «Selon l’Agence internationale de l’énergie, l’explosion de la demande en SUV a constitué la deuxième source d’augmentation des émissions mondiales de CO2 entre 2010 et 2018. […] Aucun secteur de l’énergie, mis à part celui de l’électricité, n’a affiché un bilan carbone aussi mauvais. Ce qui place les SUV devant l’industrie lourde – y compris celle du fer, de l’acier, du ciment et de l’aluminium – mais également devant l’aviation et le transport maritime.»

L’affaire est simple: un 4×4 tout-terrain quand cela est nécessaire? Pourquoi pas. Des millions de SUV, même en ville, par mode plus que par utilité? La société civile semble ne plus le tolérer. A Bruxelles, on prévoit d’indexer la taxe des véhicules sur leur impact environnemental; à Lausanne, une récolte de signatures est en cours pour interdire dans la ville les voitures de plus de 1,5 tonnes. Un élan est en route, les SUV peut-être bientôt plus.


Retrouvez ici le dossier d’Eurotopics.


A lire aussi, sur le même sujet:

Voitures électriques? Oui, mais prenons garde – Sarah Dohr

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