Greta,
Comment allez-vous?
Parfois, en vous voyant, je m’inquiète. Sérieusement.
Suffit-il d’avoir en permanence un air grave et inquisiteur pour «sauver la planète»?
Vous êtes née en 2003. Cette année-là, je m’en souviens très bien, ma voisine m’avait (à juste titre) réprimandé pour n’avoir pas respecté le strict tri des déchets. J’avais mis une bouteille (vide) de vin (pourtant bio) dans le sac à ordures. Après de nombreuses génuflexions, j’avais été pardonné. A cette époque-là déjà, notre génération, celle que vous aimez vilipender pour son pseudo manque d’action écologique, avait perçu la nécessité de se discipliner. Pour vous et les générations suivantes.
Car il y en aura bien d’autres.
Nous avons massivement fait des efforts. Il en reste encore beaucoup. Mais de là à nous rendre coupables de tous les maux. Avez-vous la mémoire sélective ou pas de mémoire du tout? Savez-vous que sans nous, vous seriez en train de vivre dans un monde bien plus détestable?
Durant de longues années (vous n’étiez pas née) nous nous sommes d’abord battus pour tenter de rapprocher les peuples et les humains. Il y avait du boulot. Quelques millions de morts nous regardaient. Découvrir d’autres cultures, comprendre nos différences et chercher comment les réduire. Nous l’avons fait pour vous, pour que vous ne viviez pas les barbaries qu’avaient dû subir vos grands-parents. En l’espace de dix ou vingt ans, avec la fin de la colonisation, de l’apartheid et la chute du Mur de Berlin, nous l’avons fait pour le bien-être de l’humanité un pas de géant. Car l’humain était, prioritairement, au cœur de nos préoccupations.
Ensuite? Nous avons dénoncé et mis fin aux essais nucléaires de Mururoa. Sensibilisé la population et les consommateurs sur les conditions de travail atroces des gamins du ...