Ali Baba revu et sublimé!

Publié le 15 décembre 2018

Antoine Courvoisier (jeu et chant) et la Compagnie du Rossignol, dans un «Ali Baba» revisité à voir ce dimanche 16 décembre à Renens – © DR

L'histoire d'Ali Baba ne date pas d'hier et a déjà été accommodée de mille et une manières. En opérette (1), en bande dessinée (2) et, hélas! serais-je assez tenté d'ajouter, en films aussi (3). Autant dire qu'il est nécessaire de posséder un indéniable talent pour parvenir à la rendre encore appréciable aujourd'hui. C'est pourtant ce à quoi parviennent aisément Robert Clerc (musique) et Domenico Carli (livret) avec leur propre version (4). Un pétillant opéra de tréteaux qui sera représenté dimanche 16 décembre à 17h00 à la salle de spectacles de Renens.

Spécialement conçue pour les plus jeunes, cette adaptation d’Ali Baba et les quarante voleurs allie à la fois une durée contenue, un souci de clarté (les différents personnages sont présentés à tour de rôle avant que l’action ne démarre réellement; le narrateur se permet d’interrompre le déroulement de l’action pour nous faire bénéficier d’apartés tout à la fois drôles et explicatifs) et une volonté de faire interagir le public. Résultat: il est impossible de s’ennuyer une minute. Surtout que le ton adopté pour narrer les mésaventures d’Ali Baba, de sa servante Morgiane et de cette bande de vilains brigands (qui volent, qui tuent, qui pillent et qui puent!) n’est pas seulement amusant. Il est aussi chamarré de quelques touches de critique sociale bienvenues et d’un peu de cruauté, en un cocktail digne de Tomi Ungerer (5).

Des ânes et des cruches: le grand théâtre du monde

Ainsi, outre cette saillie qui donne à réfléchir (et qui constitue justement l’un des apartés que nous offre le narrateur en cours de récit), on apprendra encore en détails la triste fin de Cassim, le cupide frère d’Ali Baba. Surpris à l’intérieur de la fabuleuse caverne par les sanguinaires voleurs, le riche marchand sera d’abord coupé en quatre morceaux et accroché au mur. Puis, les différentes pièces de sa dépouille ayant été récupérées en cachette par Ali Baba, il sera alors recousu par le meilleur cordonnier de la ville afin de pouvoir être dignement enterré au fond du jardin.

Cette évocation macabre,...

Ce contenu est réservé aux abonnés

En vous abonnant, vous soutenez un média indépendant, sans publicité ni sponsor, qui refuse les récits simplistes et les oppositions binaires.

Vous accédez à du contenu exclusif :

  • Articles hebdomadaires pour décrypter l’actualité autrement

  • Masterclass approfondies avec des intervenants de haut niveau

  • Conférences en ligne thématiques, en direct ou en replay

  • Séances de questions-réponses avec les invités de nos entretiens

  • Et bien plus encore… 

Déjà abonné ? Se connecter

S’abonner
Notification pour
0 Commentaires
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires

À lire aussi

Culture

Les corps, ces petites choses élastiques et dociles

Il arrive qu’un spectacle suscite des songeries qui traînent longtemps dans nos têtes. L’autre soir au théâtre de l’Arsenic à Lausanne, la chorégraphe Nicole Seiler s’amusait – elle en parlait avec légèreté à la radio – à mener le bal à l’aide de l’intelligence artificielle.

Jacques Pilet
CultureAccès libre

Une «glassroom» pour raconter ambiguités et tragédies de l’Histoire

Une dramaturgie et une mise en scène très soignées et efficaces confèrent à «The Glass Room» des qualités artistiques indéniables. L’ironie, le grotesque et la dérision permettent d’éclairer dans cette pièce de large pans de l’histoire collective iranienne. La pièce privilégie la longue durée pour évoquer les antécédents, tenants et (...)

Emmanuel Deonna
PolitiqueAccès libre

La pitoyable prestation du président de l’ASF

Sur le plateau du Téléjournal de la RTS, Dominique Blanc, qui est à la tête de l’Association Suisse de Football, a expliqué pourquoi il est important que l’équipe suisse ne boycotte pas la Coupe du monde qui aura lieu au Qatar: parce que celle-ci permet d’œuvrer à la promotion des (...)

Patrick Morier-Genoud
CultureAccès libre

Le théâtre se joue au téléphone

Comme de nombreuses activités artistiques, le théâtre a également été placé en quarantaine pour contenir l’expansion du Covid-19. Pour faire face à cette situation, certaines compagnies ont établi une relation avec le public à travers des monologues, des poèmes et des textes réalisés ad hoc, récités sur une ligne téléphonique. (...)

Doménica Canchano Warthon
CultureAccès libre

Augustin Rebetez et l’art hilare

Depuis deux ans, le plus international des jeunes artistes helvétiques mène une vie de ping pong entre la Suisse et divers points de la planète. Son univers peuplé d’un bestiaire végétal et teinté du mystère jurassien touche à l’universel. Il fait halte à Vidy avec «Voodoo Sandwich», performance excessive et (...)

Michèle Laird
Culture

Heureuse Veveysanne!

Heureuse et chanceuse parce que je vis au-dessus de l’hôpital Samaritain à Vevey. À dix minutes à pied du centre-ville. Assez loin du tohu-bohu de la Fête des Vignerons qui a lieu, comme tout le monde le sait, une fois toutes les générations. Tous les soirs, les chants, les cors (...)

Sarah Dohr
CultureAccès libre

Les trois fois rien de Thomas Luz

Un spectacle avec presque rien, «Girl from the Fog Machine Factory» du musicien metteur-en-scène zurichois, Thomas Luz, est d’une irrésistible fraicheur. A l’instar de l’Arte Povera des années soixante, il invente un «teatro povero» avec trois fois rien.

Michèle Laird
Culture

Et l’opérette, ça vous chante?

Du 11 au 20 janvier prochains, à la Grange de Dorigny, se donnera la première, en création, d’une opérette du compositeur Richard Dubugnon, sous le titre de «Jeanne et Hiro». A peine deux mois après la création du «Mystère d’Agaune», oratorio salué par d’aucuns comme un chef-d’œuvre, et la présentation (...)

Jean-Louis Kuffer
CultureAccès libre

La culture queer à l’heure des L.G.B.T.Q.I.A.

Klaus Nomi Projekt, une œuvre poético-musicale sur une des premières égéries queer à disparaître du SIDA en 1983, séduit par sa nostalgie rageuse. L’écrivain/metteur-en-scène Pierre Lepori réunit un pool de talents dans le dessin, le jeu et la musique pour livrer un portrait imaginaire de l’icône happée à l’âge de (...)

Michèle Laird
CultureAccès libre

La chasse dans sa grotesque beauté

Dans «Actéon», un spectacle qui mélange les langages scéniques, le chorégraphe Philippe Saire s’interroge sur le rapport brutal à la chasse de l’homme-animal. Les «Métamorphoses» d’Ovide lui viennent en aide avec le mythe d’Actéon, dont il préserve l’étrange ambiguïté.

Michèle Laird
Culture

Idéaux engloutis

Elle est là devant nos yeux, présente comme tout droit sortie de l’écran. Béatrice Dalle, égérie de Jean-Jacques Beneix, en jeune effrontée de «37.2°, le matin». Elle avait explosé de toute sa classe en 1986 de son anticonformisme, elle n’a pas beaucoup changé en privilégiant les travaux sur l’exploration des (...)

David Glaser
Culture

L’aéroport de Falk Richter dans une grange de ferme

Ils sont une quinzaine sur scène pour représenter la vie de Joy et Tom ainsi que tous les hommes d’affaires en cravates, les employées d’aéroport en talons, les personnes stressées ou celles qui n’ont pas le temps d’aimer. Ils sont une quinzaine sur scène: tout simplement pour dépeindre la frénésie (...)

Diana-Alice Ramsauer
Culture

Les six pompes, entre poésie et violence intellectuelle

Les derniers comédiens, jongleuses, performeuses ou équilibristes de la plage des six pompes rangeront leur scène et réempaquèteront leur univers au plus tard demain, ultime jour du festival de rue à La Chaux-de-Fonds. La plage, c’est une dizaine de scènes éparpillées dans la ville et des performances extrêmement variées; des (...)

Diana-Alice Ramsauer
Culture

Vents contraires dans la grande cuisine du théâtre

Plus que deux jours pour déguster le «Festival international des arts de la scène» Programme Commun, sauce création contemporaine. Le menu de la dernière semaine comprenait: l’émincé zurichois de Christoph Marthaler, la cuisine fusion New Age de Christophe Jaquet et Thomas Burkhalter, et la délicieuse glace meringuée de Pamina de (...)

Michèle Laird
CultureAccès libre

Un «Oups!», et on se marre

De toutes choses, mieux vaut en rire qu’en pleurer: depuis belles lurette, à l’enseigne du théâtre Boulimie à Lausanne, le tandem Frédéric Girard/Kaya Güner a fait sienne ce dicton qui permet d’affronter chaque cramine de novembre avec un peu moins de dépit. «Oups!», donc, leur dernière production maison, fait rire (...)

Isabelle Falconnier