Les «Ossis» ont le blues

Publié le 18 octobre 2018
Ossis? On désigne ainsi les Allemands de l’est. On parle beaucoup d’eux ces temps-ci. A cause des manifestations xénophobes qui se sont multipliées dans les nouveaux Länder, à cause des scores importants qu’y enregistre l’AfD (extrême-droite). Mais aussi parce que les langues se délient, près de trente ans après la chute du Mur de Berlin. Une partie de la population de l’ex-RDA se souvient avec nostalgie d’un temps où l’on vivait sans trop de soucis, du moins lorsque l’on ne critiquait pas le régime et que l’on ne cherchait pas à voyager à l’ouest. Un véritable temple dédié au souvenir de cet étrange paradis se cache à 70 km de Berlin.

«Le pays disparu», tel est le titre d’un livre récent de Nicolas Offenstadt1. Cet historien français (51 ans) a passé de nombreuses années à enseigner dans l’ex-RDA et a su, au gré d’innombrables conversations, faire apparaître le malaise. Nombreux sont les Allemands de l’Est à considérer que l’on a effacé quarante ans de leur vie. Car depuis la réunification, tout ce passé récent a été annihilé. Les noms des rues, les objets du quotidien, les images dites révolutionnaires. Les nouveaux partis? Ce sont eux, nés à l’Ouest. Les médias? Idem. A peu près personne ne regrette la chute du socialisme rouge et le rattachement à la République fédérale. Mais les nostalgiques sont légion. La mémoire persiste.
Cette fissure affective est restée longtemps silencieuse. Elle s’exprime aujourd’hui. Au point qu'un Jour de l’Unité a été célébré à Berlin le 3 octobre, autour de ce thème ainsi que de celui de la tolérance envers les étrangers. Devant la porte de Brandebourg, quasiment pas un drapeau allemand. Pas une fanfare militaire. Mais un curieux spectacle: un chœur scandait des textes glorifiant le «vivre ensemble» mené à la baguette par une directrice à la gestuelle martiale. Des blonds, des noirs, des jaunes, des hommes, des femmes, des transgenres, tous réunis symboliquement sur la tribune. Sur la grande avenue, de nombreux stands où la mairie proposait des occasions de dialogues sur le souvenir de la RDA, sur la construction et la chute du fameux mur, sur les réfugiés qui venaient hier de l’est, aujourd’hui du monde en guerre. C’est le même centre de Marienfeld qui accueillait autrefois les uns, maintenant les autres.
Sur la grande avenue, de nombreux stands où la mairie proposait des occasions de dialogues sur le souvenir de la RDA, sur la construction et la chute du fameux mu...

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