Interdits alimentaires, saison 2

© 2018 Bon pour la tête Pascal Parrone
Ma grand-mère s’abstenait de viande le vendredi, et même de bouillon cube, ce qui faisait rigoler mon père – «Il faut avoir la foi pour croire qu’il y a de la viande là-dedans!». J’ai grandi dans l’idée que les interdits alimentaires étaient un archaïsme en voie de disparition accélérée.
Le 21ème siècle est bien entamé et que vois-je? Le jeûne est furieusement tendance, la viande frappée de suspicion et chaque jour qui passe voit naître une prescription, un régime, un tabou nouveaux en matière de nourriture. Le 23 septembre, si l’on en croit les sondages, s’ajoutera à cet arsenal un morceau de choix: la définition, gravée dans la Constitution suisse, de ce qu’est un aliment licite ou illicite. Licite: ce qui est «sûr» et «de bonne qualité» selon les normes helvétiques. Illicite: ce qui, venu de l’étranger, ne se plie pas à notre définition de la qualité. J’ai envie de paraphraser mon père: il faut avoir la foi en son gouvernement pour croire que lui seul détient la vérité.
Vous allez dire que je mélange tout. Que les nouveaux interdits alimentaires ne sont pas religieux mais désirés par des citoyens soucieux de santé et d’écologie. Je vous répondrai, après lecture d’un excellent article de l’historien Claude Prudhomme*, que ce n’est pas si simple.
En matière d’interdits alimentaires, les hommes ont toujours surenchéri sur les textes sacrés. C’est vrai dans les sociétés juives et musulmanes, ça l’est encore plus chez les chrétiens puisque le Nouveau Testament rejette les...
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