Indémodable Paléo

Publié le 18 juillet 2018
Foule des grands soirs à l’ouverture de Paléo Festival sur la plaine de l’Asse à Nyon ce mardi 17 juillet 2018. Pour voir Depeche Mode, Django Django, Algiers, Kaleo, Declan McKenna, Vendredi sur Mer ou tout simplement pour voir ses potes. La « Bamboulé » nyonnaise est sold-out pour six jours, mais il reste toujours quelques places remises en vente chaque jour sur la bourse en ligne. Qu’est-ce qui fait le succès de ce festival à la jauge spacieuse année après année? Un cocktail d’ingrédients bien mixé, et surtout le bonheur d’être là entre copains, et ça se lit sur (tous) les visages.

Paléo, c’est notre Coupe du Monde gagnée chaque année, à nous les Romands. L’entrée des premiers spectateurs, scénarisée par le maître de cérémonie de la plaine de l’Asse, Daniel Rossellat (et son équipe), une envie de fêter une année de labeur intense, ou de «plaquer» une année de galères du quotidien aussi parfois dans un écrin naturel et magnifiquement décoré. C’est aussi le petit bonheur de la première gorgée de binches bien fraiches dans la fournaise de cette fin de journée qui fait le charme de Paléo. On se plaît à découvrir les nouveaux stands. «Le tuk-tuk n’est plus là?» demande une pote sur WhatsApp, pas grave il y a le Bar du Rugby près la scène du Détour où les Américains d’Algiers sont attendus de pied ferme par plusieurs centaines d’esthètes d’un rock à tendance post-punk révolutionnaire et euphorisant. 

Depeche Mode a embrasé la foule de la plaine de Nyon. © 2018 Bon pour la tête - David Glaser

On se désaltère devant le Club-Tent, la tête dans les rêves d’aventures érotiques avec une fille à la peau bleue. C’est la cousine helvétique de Christine & the Queens qui est au micro, c’est Vendredi-sur-Mer. Elle balance ses doux mots colorés dans un parler-chanter sur lit d’electropop minimale planante. La jeunesse de Paléo en redemande, il est tôt et on tient déjà une bonne surprise « locale » dans le magma très riche de l’édition 2018. Autre claque, plus choquante cette fois : Algiers. Un groupe d’Atlanta, installé à Brooklyn, emmené par un «évangélisateur» du rock expérimental, militant et galvanisant, un chanteur et guitariste nommé Franklin James Fisher, natif de Caroline du Nord, parfaitement francophone, et capable sur le morceau « The Underside of Power » de placer Algiers dans la grande histoire de la soul music aux côtés de Marvin, Curtis, Michael ou ...

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