Vie et mort d’un dinosaure

Publié le 14 mai 2018

Publicitas, tu as payé assez cher ton aveuglement des dernières étapes pour que l’on ne crache pas sur ta tombe. – © DR

La faillite de l’agence Publicitas n’a pas fait grand bruit. Ce géant à l’agonie qui fut si longtemps un mastodonte de la publicité, le grand manitou de la presse suisse, n’a même pas eu droit à une nécrologie. Celle-ci pourrait en dire long pourtant sur les grandeurs et les misères des entreprises, sur l’histoire même de la Suisse.

Imaginons l’élan
qui l’a vu naître. En 1890, Charles E. Georg, un Allemand établi à Bâle, achète
une petite agence, en fait un SA et la déplace à Genève. Il lui donne le nom de
Publicitas, son adresse télégraphique. Et d’emblée, il étend ses activités à
toute l’Europe. En 1917, l’entreprise compte 54 filiales et 380 représentations
dans neuf pays. Après la guerre, le siège est déplacé à Lausanne. La Seconde
Guerre mondiale casse son modèle, l’affaire se concentre sur la Suisse, mais
dès 1947, un bureau s’ouvre à Paris. Dans les années soixante, c’est à nouveau
l’expansion dans le monde. Avec quel souffle! Le réseau s’étend sur
dix-sept pays.

Avec une
idée-clé, toujours la même: acquérir et distribuer la publicité pour
quasiment tous les titres de presse suisse et les connecter avec les clients
étrangers. La grande et belle pub mais aussi les petites annonces. A l’époque,
même dans les villes modestes, il était possible d’aller au guichet de «P»
et d’y remettre un message à publier dans n’importe quel journal d’Europe.

Les
éditeurs étaient heureux de confier le soin d’aller chercher leur manne
publicitaire à ce géant présent partout. Celui-ci devint pour eux un partenaire
incontournable, très proche, prêt à leur avancer des capitaux pour le
renouvellement des imprimeries, prêt aussi parfois à entrer dans leur capital.
En 1989, Publicitas Holding AG réunit 30 sociétés et compte...

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