Le film qui va vous donner envie de militer pour la justice climatique

Publié le 8 mars 2018

Festival du Film Vert 2018, EPFL. – © 2018 Bon pour la tête / Joséphine le Maire

Cinq films, qui valent le détour, sont projetés sur le campus de l'EPFL jusqu'à ce dimanche 11 mars dans le cadre du 13e Festival (indépendant) du Film Vert qui a lieu dans toute la Suisse. Parmi eux: «Au-delà des lignes rouges».

 «Festival du Film Vert, à l’EPFL et organisé par Greenpeace Vaud… Qu’est-ce qui m’a pris de vouloir aller là-bas, pour voir un film sur la justice climatique?» C’est à cette pensée que je me confronte quand j’embarque dans le M1.

Arrivée sur place, j’entends une organisatrice dire à son collègue, tout en enlevant des assiettes trônant sur la table du buffet (végan, bio et fait par les soins des organisateurs): «Ça va ou bien, on n’attend pas 200 personnes». Ça y est, je suis foutue, on va être 6, organisateurs Greenpeace compris. Erreur, méprise et jugement trop hâtif!

En effet, quelques minutes avant que le film «Au-delà des lignes rouges» ne commence, les gens affluent et c’est dans une salle remplie, de jeunes et moins jeunes, que la séance commence. 

Programme du Festival du Film Vert, côté EPFL.

Un reportage poignant

Je ne peux que recommander vivement ce film. D’abord parce qu’il est intéressant et instructif. Ensuite, et surtout, parce qu’il est captivant et revigorant. On suit, pendant 90 minutes, différentes luttes pour la justice climatique ayant lieu dans plusieurs pays (la France, l’Allemagne et les Pays-Bas): le mouvement Alternatiba (des cyclistes qui traversent la France, mais pas que), des activistesdans des mines rhénanes de lignite à ciel ouvert, des manifestants à la COP21 ou dans le port d’Amsterdam. Tous aspirent à changer le système et non le climat («System Change Not Climate Change») et tous agissent pour mettre leur grain de sable dans la machine infernale qui mène la planète à sa perte, avec l’espoir de l’enrayer, quitte à commettre des actes de désobéissance civile.

Loin d’être alarmiste ou déprimant, ce reportage suit des gens, d’origines et d’âges variés, qui rêvent d’une planète décente pour les générations à venir et qui se mobilisent pour cette cause. Loin de désespérer le spectateur, ce film véhicule l’idée que toute action, même mineure, paye et qu’un monde soutenable est possible. Que les changements climatiques ne sont pas une fatalité que l’Homme doit subir mais quelque chose sur lequel il peut avoir prise (puisqu’il en est l’auteur), s’il désire s’engager. Une phrase d’un militant du film me revient (dans toute son approximation):

«Les gens ont plus de facilités à accepter le fait que le changement climatique détruira la planète, que de croire qu’un autre système est possible».

Bref, ce film m’a plu, je ne le nie pas. Et je pense ne pas avoir été la seule, si j’en crois les rires et les applaudissements qui ont ponctué et clôturé la séance.

David contre Goliath

Néanmoins, une fois le film terminé, on se demande si tous ces gens mobilisés (nombreux, c’est vrai, et plein d’énergie) ont vraiment un impact. En face d’eux: lobbies, nucléaire et énergies fossiles. Que peut-on vraiment faire concrètement, à son échelle? Et à quoi bon?

Ces questions, si elles ne trouvent pas de réponses tranchées, ne s’évaporent pas pour autant. La table ronde, organisée après la projection, offre en effet un espace de discussion où chacun peut partager ses doutes, ses interrogations, ses craintes. Un espace où l’expérience militante des uns apporte un début de réponse, tandis que d’autres donnent des exemples concrets d’actions faisables pour commencer, comme ce que suggère l’Alliance climatique Suisse: exhorter sa caisse de pension à ne plus investir dans les énergies fossiles. C’est peu? Oui. Mais si personne ne le fait, rien ne changera.

Devant le buffet, personne ne fait grise mine. Tout le monde se parle, fort et avec enthousiasme. Que ce soit pour évoquer la nourriture, le film, la première semaine durable sur le campus de l’EPFL, une idée que quelqu’un a lancée pendant le débat ou le temps qu’il fait: ça m’a surprise.

Un seul mot à ajouter: profitez de ce Festival du Film Vert, qui a lieu certes au bout du monde…. (à l’EPFL) mais aussi partout Suisse et même en France et ce jusqu’au 15 avril. Il est surprenant, ça fait du bien.


«Au-delà des lignes rouges» de Luciano Ibarra, 2016.

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