Faut-il casser l’Europe?

Publié le 2 janvier 2018

Le grand défi est à l’est. Trois pays sont aux mains d’europhobes plus ou moins virulents: la Pologne, la Hongrie et la République tchèque. – © DR

L’Union européenne, on la déteste, ou la défend – mollement –, ou on ne veut plus y penser. Avec quelques crises de nerfs ici et là. En Suisse où beaucoup y voient le diable. A l’est, où l’on la maudit tout en restant accrochés à ses mamelles. Pourquoi ne pas tenter de voir où elle en est? Froidement.

Le Brexit l’a étonnamment peu ébranlée. La Grande-Bretagne découvre soudain tous les avantages de la construction et se divise sur le mode d’association possible. Sur fond de croissance faible et de risques économiques sérieux.

Le noyau dur, mené par la France, veut aller de l’avant avec un pouvoir communautaire plus fort sur la monnaie et la fiscalité. Avec un argument de poids: si les Européens ne se dotent pas d’un puissant outil face aux Américains, aux Chinois et aux Russes, leurs petites nations, déjà affaiblies, compteront de moins en moins dans le grand jeu mondial. Les Allemands suivront Macron, bon gré mal gré. D’autres, pragmatiques eux aussi, se joindront au projet. D’autant mieux que l’UE affiche désormais son désir de renforcer le principe de la subsidiarité: les bagatelles doivent rester du ressort national, les grands enjeux traités au niveau communautaire.

L’ambition n’est pas irréaliste. Les hypernationalistes français et allemands (FN et AfD) sont certes nombreux mais loin de l’être assez pour enrayer une intégration raisonnable.

Du positif au sud

Les pays du sud eux-mêmes ont tout à gagner à un renforcement de la zone euro. On a mille fois condamné la politique «allemande» à leur égard. Sans jamais rappeler combien ils ont profité des aides structurelles. On voit aujourd’hui que certains ne voient plus forcément l’avenir en noir. Le Portugal a désobéi à la loi de rigueur budgétaire et se porte de mieux en mieux. En 2017, ses comptes d’Etat seront positifs! L’Italie, habituée à toutes les...

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