Ta récente nomination à la tête de la «rédaction Tamedia» mérite d’écrire, non pas un roman, encore moins du Colette que tu chéris tant (j’en serais bien incapable) mais quelques lignes éclairantes sur ta personne. Tu le mérites: tu es désormais la femme de presse la plus puissante du pays.
Le portrait qui suit est bien celui d’Ariane Dayer, côté cour et côté sapin, celui que tu veilles à ne jamais laisser entrevoir, fouler et encore moins tondre depuis tes plus jeunes années. 1964, Martigny, Bas-Valais (l’année mémorable de la fusion de Martigny-Bourg et Martigny-Ville): pour autant, y a-t-il vraiment tant à cacher?
Non, bien sûr, mais le mystère offre à ceux qui le créent de délicieuses satisfactions.
Affronter la vie, les autres
Il me faut donc me replonger dans ces années où je t’ai cotoyée. A L’Hebdo, à Saturne, dans le privé. Réunir mes souvenirs, enlever un à un ces piquants qui, comme un hérisson sur le qui-vive, empêchent – c’est là le but évidemment – toute intrusion. Me rappeler. Dire. Ni trop, ni trop peu. Mais dire. Sans jeu de mots. Je n’ai pas l’heur d’être du Matin.
Ce qui m’a toujours frappée chez toi, ce sont tes poings. Ces petits poings, hors de la poche, toujours serrés. Comme si, chaque fois que tu sortais de ta bulle quasi amniotique, tu avais besoin de ce courage pour affronter la vie, les autres. Surtout les autres. Comme si ta seule présence ne suffisait pas à asseoir ton personnage. Car c’est bien de cela qu’il s’agit: ton personnage, celui que tu t’es créé au fil de ces années. Celui qui explique comment toi, jeune Octodurienne, fille aînée d’Hélène et de François, petite-fille de cheminot et de gardien de la Grande Dixence (un barrage déjà), myope comme une taupe et comme la bonne élève que tu étais, est parvenue à diriger son monde. Au gré...