L’opposition malienne privée de Facebook?

Publié le 20 juin 2017
Si en Occident Facebook est au service du narcissisme de ses utilisateurs, ailleurs il peut servir à la mobilisation politique. Le «Journal du Mali» relate une coupure suspecte aux yeux des opposants au président Ibrahim Boubacar Keïta.

Le président malien Ibrahim Boubacar Keïta veut modifier la constitution de son pays. Officiellement, il s’agit de «permettre une plus grande décentralisation et une meilleure représentation des populations du nord du pays dans les institutions nationales», explique Le Monde du 16 juin, qui précise que les opposants à cette modification accusent le président de vouloir en fait se donner ainsi plus de pouvoir et assurer sa réélection en 2018 (lire l’article du Monde). La modification de la constitution est soumise à un référendum, qui aura lieu le 9 juillet prochain.

L’opposition accuse le gouvernement

Le 14 juin, le Journal du Mali signalait que «La majorité des internautes maliens ont été privés d’accès au réseau social Facebook depuis mardi 13 juin. Une coupure qui aurait un lien direct avec les manifestations prévues pour protester contre le projet de réforme constitutionnelle.» Elhadj Tandina, président du Mouvement Populaire Sonni Ali BER, opposé à la réforme, dénonce: «Il s’agit d’une volonté délibérée des autorités de nous empêcher de communiquer.»

Au-delà de la politique malienne, il est intéressant de constater que si en Occident, Facebook sert essentiellement à cultiver le narcissisme de ses utilisateurs et à permettre à ses exploitants d’acquérir du data monnayable, dans des pays sous-développés, il est considéré comme un moyen de communication politique.

Numérique ou réalité ?

Mais les Maliens n’oublient pas qu’en 1991 ils ont vécu un coup d’Etat alors que les réseaux sociaux n’existaient pas encore et que le World Wilde Web en était à ses balbutiements. A l’époque, «il n’y avait même pas de téléphone portable, ce qui n’a pas empêché le peuple de se réunir», souligne  Elhadj Tandina.

Ce qui nous rappelle que ce n’est pas sur les réseaux sociaux et sur internet qu’ont réellement lieu les bouleversements. La carte n’est jamais le territoire.


Lire l’article du Journal du Mali.

S’abonner
Notification pour
0 Commentaires
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires

À lire aussi

Quand la France et l’UE s’attaquent aux voix africaines

Nathalie Yamb est une pétroleuse capable de mettre le feu à la banquise. Elle a le bagout et la niaque des suffragettes anglaises qui défiaient les élites coloniales machistes du début du XXe siècle. Née à la Chaux-de-Fonds, d’ascendance camerounaise, elle vient d’être sanctionnée par le Conseil de l’Union européenne.

Guy Mettan

Trouver le juste cap dans la tempête

La tornade qui, en Europe, s’est concentrée sur la Suisse nous laisse ébaubis. Le gros temps durera. Ou s’éclaircira, ou empirera, selon les caprices du grand manitou américain. Les plaies seront douloureuses, la solidarité nécessaire. Il s’agira surtout de définir le cap à suivre à long terme, à dix, à (...)

Jacques Pilet

Les pays africains condamnés à des simulacres d’élections présidentielles?

Les récentes élections au Gabon et le cas de Tidjane Thiam, interdit de présidentielle en Côte d’Ivoire, marquent-ils un retour à l’élimination des candidats présentant une menace pour les régimes en place et à des scores «à la soviétique»? Les scénarios auxquels nous assistons en ce début d’année 2025 ont (...)

Catherine Morand

La République démocratique du Congo au bord de l’effondrement

La nouvelle n’a pas fait grand bruit. Elle est pourtant le signal d’une évolution qui pourrait redessiner la carte géopolitique de l’Afrique. Après la prise de Goma au Sud-Kivu, la capitale provinciale du Nord-Kivu, Bukavu, vient de tomber aux mains de la milice du M-23, soutenue par le Rwanda. Le (...)

Jacques Pilet

La fermeture de l’USAID, une chance pour l’Afrique?

Le continent africain est le premier bénéficiaire de l’aide au développement des Etats-Unis. Pourtant, sur les réseaux sociaux, les internautes africains semblent se réjouir de la fermeture de l’USAID décidée par Donald Trump. Ils y voient un encouragement à compter davantage sur leurs propres ressources plutôt que sur une aide (...)

Catherine Morand

Tollé en Afrique après les propos à l’emporte-pièce de Macron

Avec les propos fort peu diplomatiques qu’il a tenus le 6 janvier à Paris lors de la Conférence annuelle des ambassadrices et des ambassadeurs, Emmanuel Macron a réussi le tour de force de se mettre à dos plusieurs chefs d’Etat d’Afrique francophone ainsi qu’une opinion publique qui s’est enflammée sur (...)

Catherine Morand

La «Coloniale» doit enfin accepter de quitter l’Afrique

C’est la fin d’une époque. Depuis la période coloniale, des troupes françaises sont stationnées en Afrique. Mais aujourd’hui, ces «armées d’occupation», comme certains les qualifient, ne passent plus auprès d’une opinion publique et d’une jeunesse qui aspirent à s’affranchir d’une tutelle d’un autre temps. Et réduire cette aspiration à la (...)

Catherine Morand

Assassiné en 1987, Thomas Sankara, «le Che» africain, n’est pas mort

Le mois dernier à Niamey, la junte au pouvoir remplaçait un monument colonial par une plaque à l’effigie du capitaine Thomas Sankara. Anti-impérialiste, écologiste et féministe convaincu, l’ancien président du Burkina Faso continue de fasciner. Son discours historique du 4 octobre 1984 à la tribune des Nations-Unies électrise toujours la (...)

Corinne Bloch
Accès libre

Trump II sera-t-il davantage offensif en Afrique?

Lors de son premier mandat, Donald Trump n’a pas mis les pieds en Afrique, contrairement à ses prédécesseurs qui y avaient multiplié les visites officielles. Mais l’ex et futur président des Etats-Unis pourra-t-il se permettre de regarder de loin ses homologues russe et chinois faire main basse sur un continent (...)

Catherine Morand

La Francophonie est-elle fréquentable?

Les chefs d’Etat des pays membres de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) sont pour la plupart des autocrates qui mènent la vie dure à leurs compatriotes. La marge de manœuvre de l’organisation, dont la Suisse figure au 3ème rang des contributeurs, demeure politiquement étroite, mais riche sur le plan (...)

Catherine Morand
Accès libre

Kenya: la révolte des jeunes

Depuis des semaines, la jeunesse kenyane manifeste contre la corruption et la politique d’austérité du gouvernement. Pour la première fois dans le pays, des citoyens réclament des comptes à la classe politique. Quelles sont leurs revendications? Pour quel impact et quels résultats? Eclaircissements dans cet entretien avec Protus Onyango, journaliste (...)

Bon pour la tête

Si vous rêvez de Tombouctou, c’est en vous que gît le trésor

Ravivant la fraîcheur de nos lectures de jeunesse, avec le supplément d’âme de la maturité, le nouveau roman «africain» de René Zahnd, «Le Trésor des Mandingues», nous entraîne dans un périple à double valeur d’hymne à l’amitié, ponctué de belles rencontres humaines, et d’exploration sur le terrain et par l’écrit (...)

Jean-Louis Kuffer

Les droits des homosexuels, un casus belli entre Afrique et Occident

Des pays africains déplorent les pressions exercées à leur encontre par les pays occidentaux pour leur dicter leur conduite en matière de droits des homosexuels et des minorités sexuelles dans leur pays.

Catherine Morand

Au Sénégal, une révolution dans les urnes

L’élection à la présidence d’un jeune opposant au régime en place, porteur d’un ambitieux programme de «rupture», montre qu’un changement est possible dans le cadre d’un processus démocratique. Sans recourir aux armes.

Catherine Morand

Les septuagénaires gouvernent le monde

Le dirigeant de la première puissance du monde a 81 ans et il n’est pas exclu qu’il soit reconduit le 5 novembre 2024. Le vieillissement de la classe dirigeante aux Etats-Unis et dans le reste du monde est tout à fait inédit mais il est appelé à s’étendre. Le plus (...)

André Larané
Accès libre

L’ex-patron du Crédit suisse à la tête de la Côte d’Ivoire?

Le magazine «Jeune Afrique» consacre un article élogieux à Tidjane Thiam qui vient d’être porté à la présidence du principal parti d’opposition en Côte d’Ivoire, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI). En vue de l’élection présidentielle prévue en 2025.

Bon pour la tête