«Big pharma», quel bilan écologique?

Publié le 19 novembre 2021

Dans l’usine de production du COVIran Barekat vaccine, le vaccin iranien anti Covid, en août 2021. – © Aref Fathi, MEHR News Agency

La politique actuelle du tout vaccinal nous montre ses limites, tant sur le plan sanitaire qu’écologique. L’industrie pharmaceutique est en effet parmi les plus polluantes de notre planète, plus que le secteur automobile. Ne serait-il pas temps d’effectuer un bilan écologique de la production de milliards de vaccins, du coût énergétique de leur transport par camions frigorifiques, et de la gestion de leurs déchets?

Nous étions deux dans la salle d’un cinéma indépendant lors de la projection du documentaire de Perrine Bertrand et Yan Grill, «Etre avec les abeilles». Nous étions deux à nous sentir, comme ces millions d’abeilles, pris au piège d’un monde dont on ne sait plus faire partie en l’état et cherchant nos ressources propres afin d’y survivre malgré tout.

Les abeilles vivent et travaillent en communauté, avec solidarité, autonomie et conscience des générations futures. Afin de polliniser nos écosystèmes mal en point, quelques apiculteurs atypiques tentent de les protéger de l’activité des autres humains avides ou poussés aux rendements: offrir aux colonies d’abeilles un habitat traditionnel dans les arbres et à proximité de cultures biologiques diversifiées; les laisser coexister avec leurs divers micro-organismes viraux ou bactériens; arrêter de traiter leurs maladies avec des médicaments qui contribuent à les affaiblir et les décimer; soutenir leur immunité naturelle, leur propolis étant le meilleur médicament; leur offrir une alimentation saine, leur miel exempt de sucre ajouté.

Cette comparaison apicole devrait nous permettre d’imaginer un traitement bienveillant et intelligent similaire dans la crise sanitaire actuelle, semblant entrer en chronicité. Les scandales liés à Montsanto ou Bayer et la mise sous tutelle de l’agriculture par les géants de l’agro-business n’étant plus un secret d’Etat, il semblerait que nous ayons davantage de difficulté à admettre ceux associés aux industries pharmaceutiques à qui l’on accorde une confiance quasi aveugle. 

L’entreprise Pfizer a été condamnée à un total de plus de 6 milliards de dollars pour: corruption de médecins et de dirigeants gouvernementaux, publicité mensongère omettant de graves effets secondaires, fausses études, création d’un virus synthétique ayant contaminé trois de ses employés, etc. «Cet aspect a été soulevé par le Parlement Européen lors du choix des fabricants de vaccins contre le Covid-19, mais n’a pas été retenu comme critère de sélection.» Le parallèle pourrait se faire également entre le bétail et la masse des humains. Soigner quelques individus malades s’avère moins rentable que vendre des traitements préventifs à tous sur du long terme. Une stratégie commerciale efficace permettant de juteux profits.

Quel bilan écologique de la solution vaccinale unique?

Imprégnée par l’idéologie du solutionnisme technologique, la «science» actuelle — financée massivement par les grandes entreprises pharmaceutiques et escortée par des politiques démunis — a perdu le chemin de l’art médical et opté pour une politique du tout vaccinal. Eloignée de la médecine, elle nous montre ses limites, tant sur le plan sanitaire qu’écologique, comme pour les abeilles. 

Les industries pharmaceutiques étant parmi les plus polluantes de notre planète, plus que le secteur automobile, ne serait-il pas temps d’effectuer un bilan écologique de la production de milliards de vaccins, du coût énergétique de leur transport par camions frigorifiques, de leur conservation entre -60° à -80° et de la gestion de leurs déchets? Le moment n’est-il pas venu de faire de même avec les milliards de masques jetables et donc jetés, les tonnes de gel hydroalcoolique qui se retrouvent dans nos cours d’eau potable?

Des injections anti-covidiennes «locales, bio et de saison»?

Locales? Au premier trimestre 2021, la Confédération «prête» à Lonza du personnel spécialisé pour lui permettre d’accroître la production du vaccin de Moderna à Viège. C’est donc une production, en partie, locale. 

Biologiques? En 2018, le site de Lonza générait 1% des émissions de gaz à effet de serre de toute la Suisse. Sa pollution au mercure — plusieurs dizaines de tonnes déversées dans le Rhône — continue de ressurgir ici et là. Pendant des années, Lonza aurait également pollué les eaux avec un solvant cancérigène, le 1,4-dioxane et avec un autre produit toxique et cancérigène, la benzidine. Ni la population, ni les professionnels de la santé n’ont accès à l’entier des composants des vaccins de Moderna. Au vu des nombreux scandales environnementaux liés à Lonza, nous pouvons douter qu’ils obtiennent le label bio. 

De saison? La Confédération a conclu des contrats, dont les montants sont tenus secrets, avec cinq fabricants pour près de 52 millions de doses de vaccins jusqu’en 2023. Elle annonce, après avoir vanté leur très grande efficacité, une troisième dose. Comme les tomates hors-sols, les vaccins semblent déjà être disponibles pour les années à venir en toute saison.

La seule solution vaccinale, adoptée localement et à l’échelle de la planète, contribue à creuser notre propre tombe en accroissant notre dépendance énergétique et en persévérant à détruire le vivant.

Omerta politique sur les questions écologiques?

Pourquoi cette problématique des productions des big pharma, pourtant fondamentalement liée aux questions biologiques, est-elle absente des prises de position officielles des partis écologistes? Nous avons entendu vaguement çà et là que la destruction du vivant aurait favorisé l’émergence de ce coronavirus, ou de ses variants, et contribuerait ainsi à nous exposer à l’avènement de nouveaux virus dans le futur. Les Verts suisses dans leurs directives de vote sur la loi Covid semblent plus soucieux de préserver leur liberté de pouvoir continuer de voyager à l’étranger, quand bien même on sait, outre le problème de la pollution générée, que les déplacements ont largement contribué à la diffusion du coronavirus sur l’ensemble de la planète.

Ces questions n’empêchent nullement un grand nombre de nos politiques de chanter en chœur la gloire de la vaccination anti-covidienne en population générale. Lorsque l’on parle de santé, serions-nous d’accord de nous satisfaire de notre bonne conscience «d’écolo-bobo qui mange bio, trie ses déchets et se déplace à vélo»? Tous les moyens, même les plus polluants et énergivores, seraient-ils bons puisqu’il s’agit de santé? Nos yeux devraient-ils se fermer devant les conséquences écologiques dramatiques de certains choix politiques? Le solutionnisme sanitaire-sécuritaire peut-il faire l’économie d’un examen de conscience écologique?

Quelques Verts minoritaires soufflent leur désaccord vis-à-vis de cet aveuglement irresponsable, sous le couvert de l’anonymat, craignant peut-être un lynchage médiatique ou les possibles représailles des membres du parti. «Avant d’être formalisé par un décret de censure ou de s’incarner sous les traits d’un fonctionnaire du Parti, l’étiolement de la liberté d’expression s’éprouve comme une ambiance, un sentiment d’intimidation, un embarras presque mondain qui fait s’évapore» (Célia Izoard). Nous estimons que cette loi du silence mériterait d’être posée sur la table du débat démocratique. 

Quelles alternatives à la solution vaccinale unique?

Comme celle des apiculteurs conscients des enjeux favorisant les ressources propres des abeilles, pourrions-nous nous inspirer d’une bioéthique du vivant dans la gestion politique de la «pandémie», face à ce que l’on devrait plutôt appeler «syndémie»? Malgré les promesses, l’éradication de ce parasite de coronavirus à l’aide de l’imposition de la solution vaccinale unique bien que toujours en phases expérimentales, d’exclusions sociales et de surveillance généralisée des individus, ne fonctionne malheureusement pas si bien. Tout comme pour les abeilles, ne vaudrait-il pas mieux se familiariser avec l’idée que les virus et bactéries, sont des entités avec lesquelles il va nous falloir non pas lutter, mais cohabiter?

Il existe pourtant des alternatives: offrir une politique de prévention en renforçant nos défenses immunitaires naturelles à l’aide des médecines complémentaires faisant partie intégrante de notre Constitution suisse (art. 118a); développer une promotion de la santé auprès des personnes souffrant de ces maladies de civilisation, notamment la pandémie de diabète, alors que les confinements ont exacerbé leurs risques vis-à-vis du virus; proposer une vaccination ciblée aux populations à risque (ce qui est fait) et laisser vivre les autres en leur permettant de développer leur immunité; soigner à domicile, précocement, les gens ayant contracté le virus plutôt que les enfermer seuls chez eux sans surveillance ni soins médicaux; renforcer notre système hospitalier défaillant — cause des semi-confinements successifs — suite aux politiques d’austérité déployées depuis plus de vingt ans; améliorer enfin les conditions de travail des soignants; développer l’écologie en protégeant les habitats des animaux sauvages et en évitant les dangers de l’élevage industriel.


Le site personnel d’Anne Voeffray.

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