Un regard nouveau sur les avant-gardes artistiques

Publié le 9 septembre 2017

La manifestation, de Félix Vallotton, 1893. Avant-gardes: Nabis et Nouvelle Objectivité. – © DR

On a beaucoup écrit sur les avant-gardes, avec une tendance massive à les faire naître à Paris et à les résumer dans le dadaïsme, le surréalisme et l’expressionnisme abstrait. Une chercheuse bouscule ces a priori et nous invite à une relecture totale des canons artistiques.

Depuis le début des années 1980, c’est-à-dire vraisemblablement à partir du moment où elles ont disparu, des milliers de pages ont été écrites sur les avant-gardes. Pourtant, personne n’avait encore tenté une synthèse comme celle que propose Béatrice Joyeux-Prunel. Maître de conférences et chercheuse à l’Ecole normale supérieure en histoire de l’art contemporain, elle a entrepris, à l’aide de la sociologie, de l’histoire sociale de l’art et de nouvelles approches quantitatives permises par les outils informatiques, une première et ambitieuse histoire mondiale des avant-gardes artistiques.

Le deuxième volume de cette saga qui en comportera trois, publiés chez Folio, vient de paraître: Les avant-gardes artistiques (1918-1945).

D’où vient le terme d’avant-garde? 

Emprunté au vocabulaire militaire, l’expression apparaît, vers 1820, chez les adeptes de l’économiste progressiste Saint-Simon, lorsque ceux-ci proposent aux artistes de marcher en tête du mouvement pour le progrès social et politique.

Comme chez Antonio Gramsci un siècle plus tard, il y avait là l’idée d’une conquête du pouvoir par les progressistes, grâce à la force de l’imagination des peintres, musiciens, poètes et autres littérateurs. Les milieux fouriéristes partageaient eux aussi, à peu de choses près, cette conception.

Par ailleurs, la référence canonique sur la question est le livre de Théodore Duret, paru en 1885: Critique d’avant-garde. Félix Fénéon usera également beaucoup de ce terme. Mais la plupart des critiques du XIXe lui préfèrent novateur, intransigeant, moderne, indépendant et, déjà, jeune. Etre moderne, pour Baudelaire, c’était chercher le...

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