Eric Zemmour et Daniel Cohn-Bendit: une confrontation éternelle!

Publié le 21 mai 2019
Disons-le: nos deux polémistes préférés ont assuré le spectacle pendant trois heures avec brio sur LCI, le 14 mai. Sur un thème plutôt ingrat: l'Union Européenne dont chacun sait qu'elle est comme un train bloqué dans tunnel, incapable d'avancer ou de reculer, alors que les empires américains, chinois et russes filent à l'allure d'un TGV.

Le plus fascinant dans ce débat était d'observer combien deux options philosophiques s'opposaient. Celle de Zemmour incarnait le mot célèbre de Hobbes: «L'homme est un loup pour l'homme» (surtout s'il est musulman, ajouterait Éric), cependant que Daniel Cohn-Bendit dans un élan utopique soutenait, après Terence, qu'il est un homme et que rien de ce qui est humain ne doit nous être étranger. D'où cet échange assez violent entre Daniel Cohn-Bendit pour qui les valeurs ou, si l'on préfère, les droits de l'homme, sont universalistes, alors que pour Éric Zemmour elles sont tout au plus un produit français destiné à l'exportation comme le brie ou le champagne, chaque nation défendant son territoire et son mode de vie avec férocité.
Pour avoir pas mal bourlingué, force m'est de donner raison à Éric Zemmour: il faut vraiment être Français pour imaginer que chaque civilisation ou religion ne considère pas ses valeurs comme étant supérieures à celles du monde entier. Il en va de même d'ailleurs pour la gastronomie. Il n'y pas d'homme universel, même si on peut le regretter: il y a des Anglais, des Chinois, des Camerounais (j'arrête la liste) qui ont leur code d'honneur et c'est rarement le même. On peut toujours rêver comme cette étudiante en médecine sur le plateau, fort jolie de surcroit, à une identité européenne qui se construira au fil des générations grâce au programme Erasmus, mais Éric Zemmour n'a pas eu tort de se moquer de sa naïveté et de tenter de lui faire comprendre qu'elle n'était, grâce à Erasmus, qu'un brave petit soldat décervelé au service de l'Empire du Bien.
Le débat a tourné à la confusion quand il s'est agi du judaïsme, qui est lui aussi, un mélange de provincialisme et d'universalisme. Daniel Conhn-Bendit a eu l'honnêteté et l'intelligence de rappeler comb...

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