À quoi bon fréquenter les musées?

«Nu au bain», par Pierre Bonnard, 1936. – © DR
À Londres, je me suis laissée prendre au jeu: l’idée est moins banale lorsqu’il s’agit d’un événement à l’étranger, plus excitante aussi pour mon Facebook et pour moi. Je voulais voir de mes yeux ce que les British feraient du French artist Pierre Bonnard.
Au tourisme de masse décrié ici et là par les Vénitiens et les habitants du quartier de Montmartre répond une certaine idée de la culture: pour tous, à la portée de tous, quasiment vendue en package avec le billet d’avion ou d’Eurostar. Il y avait foule à la Tate Modern ce samedi, malgré le vent glacial et la pluie qui faisaient tanguer le Millenium Bridge. Munie d’une entrée «presse», j’ai coupé la file tandis que d’autres visiteurs se faisaient littéralement refouler par une surveillante promue videur de boîte de nuit. Les treize salles d’exposition sont bondées. Il faut parfois faire la queue pour apercevoir les œuvres, dont la collection, empruntée au Musée d’Orsay, de tirages photographiques d’époque: des nus champêtres, charmants, mais minuscules.
Les Anglais ont vu les choses en grand: une centaine d’œuvres, dont beaucoup d’emprunts à des collections privées, un éclairage impeccable, un affichage net, en osmose avec les toiles. Il faut faire un effort, au milieu de cette foule cosmopolite et hétéroclite, pour se souvenir que Bonnard est un peintre de l’intime. Suffocant dans un manteau d’hiver trempé de pluie, je cède à cette terrible interrogation: faut-il vraiment se réjouir de cette affluence? Au nom de la sacro-sainte égalité des...
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