Surprise! La fin du monde n’a pas eu lieu

Publié le 19 juin 2020

© Photomontage pmg

La plume qui caresse ou qui pique sans tabou, c’est celle d’Isabelle Falconnier, qui s’intéresse à tout ce qui vous intéresse. La vie, l’amour, la mort, les people, le menu de ce soir.

Pendant trois mois, nous avons pleuré parce que notre monde s’arrêtait. Désormais, nous pleurons parce que le monde n’a pas changé.

Si certains d’entre nous se réjouissent de retrouver leurs collègues et leur bistrot préféré, d’autres, les plus visibles, les plus sonores, les plus médiatiques, qu’ils soient journalistes, intellectuels, scientifiques, militants ou idéalistes, manifestent leur immense déception de retrouver le monde tel qu’ils l’ont «quitté» le 14 mars. Après l’ivresse angoissante du confinement, ils subiraient la gueule de bois du retour à une normalité qu’ils n’aiment de toute évidence pas.

A les entendre, à les lire, il était évidement que le monde allait, devait changer. Qu’il y aurait un «monde d’après». Que deux mois dans la vie des Suisses allaient suffire pour basculer dans un univers forcément plus écolo, plus équitable, plus féministe, plus vegan, plus local, plus humaniste, plus caissières et infirmières-friendly.

Mais il se trouve que le 11 mai, nous étions les mêmes que le 14 mars. Surprise: nous n’avons pas changé.

J’avoue, je n’ai pas imaginé une seconde que nous allions changer le temps d’un printemps. Pourquoi diable aurait-on changé? Pour changer, mais pour changer vraiment, profondément, il faut avoir été affecté durablement, il faut avoir été profondément atteint. Il faut avoir vécu un drame.

Or, admettons-le humblement: nous n’avons pas vécu de drame.

Nous nous sommes faits peur. Nous avons planifié notre défense sanitaire. Nous avons été très organisés. Nous avons évité le pire. Nous avons pu et pourrons ces prochains mois et années compter...

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