La possibilité d’une île: La Réunion

Publié le 8 mai 2020

Anse des Cascades à Sainte-Rose. – © Stephan Engler

Ah, larguer les amarres, partir au large… en cet étrange printemps 2020, la fringale d’ailleurs azurés est mise à rude épreuve. Pour nous faire patienter, le photographe Stephan Engler nous ouvre son album de voyages au chapitre « îles lointaines».

Cette île volcanique de 2’512 kilomètres carrés proche de Madagascar a plusieurs particularités: elle n’est pas protégée par une barrière de corail et ses plages ne sont pas son principal atout. A La Réunion l’attraction c’est la nature, avec ses cirques naturels de Mafate, Salazie et Cilaos dominé par les 3’069 mètres du Piton des Neiges.

L’île est déserte jusqu’au XVIIIème siècle, les navigateurs arabes, portugais, anglais ou hollandais accostaient uniquement pour faire des provisions d’eau et de vivres. Finalement, elle fut colonisée tardivement par les Français. Lorsqu’elle était gérée par la Compagnie des Indes Orientales son nom était l’île Bourbon. Ensuite durant quelques années elle fut baptisé l’île Bonaparte, pour finalement s’appeler La Réunion.

Les insulaires proviennent principalement de Madagascar, d’Inde, d’Afrique et de Chine. Des années durant, elle prospère grâce au café et à la canne à sucre, puis en 1841 un jeune esclave, Edmond Albius, invente le procédé de la fécondation artificielle de la vanille. Appréciée par tous les gourmets, de nos jours encore la vanille Bourbon est considérée comme la meilleure du monde. En 1946 l’île devient un département français d’outre-mer. Sa population métissée de 850’000 âmes vit en grande partie à Saint-Paul et Saint-Denis les principales agglomérations.  

Au fil du temps, le lien commun de toutes ces communautés est devenu le parler créole et la cuisine locale inspirée des différentes cultures. Le plat incontournable de la cuisine traditionnelle réunionnaise est le «cari» et quelle que soit sa préparation c’est toujours une belle expérience culinaire.  

Mais il y a d’autres trésors (supposés) sur cette île. Olivier Levasseur plus connu sous le nom de La Buse a trouvé refuge contre les tempêtes dans le port de Saint-Denis. Ce pirate est à la fois un personnage historique et une figure folklorique de La Réunion. C’est le 7 juillet 1730 que La Buse fut condamné à mort et enterré au cimetière marin de Saint-Paul. Quand il monta sur l’échafaud il lança dans la foule un cryptogramme et s’écria: Mes trésors à qui saura comprendre!

Depuis les recherches continuent afin de découvrir son trésor d’une grande richesse qui selon les dires se compose de diamants, bijoux, perles, barres d’or et d’argent et de pierres précieuses.

Un autre trésor, bien visible celui-là, se situe à l’intérieur de l’île – 42% du territoire est inscrit au Patrimoine mondial de l’Unesco. Plus de 160 espèces de plantes à fleurs endémiques se répartissent dans les trois cirques naturels, balisés par de nombreux chemins pédestres qui se prêtent parfaitement à cette découverte. Le plus authentique est le cirque de Mafate, qui possède uniquement des accès pédestres. Une fois franchi le Col des Bœufs (un des sentiers) et traversé la Plaine des Tamarins avec ses arbres aux branches tortueuses, c’est l’arrivée à La Nouvelle. C’est un paradis perdu au centre de l’île avec ses petites maisons et commerces locaux qui souvent proposent dans la même bâtisse gite, restaurant, bar, épicerie et boulangerie. Situé à quelques 1440 mètres d’altitude, souvent le matin, il faut attendre que le brouillard se déchire pour dévoiler un panorama grandiose. Les habitants d’ici cultivent le calme, quelques légumes et la sérénité en étant coupés du monde moderne. 

Concernant les deux autres cirques, Cilaos et Salazie, c’est à coup sûr Salazie qui remporte le suffrage des nostalgiques. Le village de Hell-Bourg possède de belles maisons traditionnelles dans un remarquable état de conservation malgré le climat subtropical d’altitude, il pleut un jour sur deux!

Au Piton de la Fournaise au sud-est de l’île règne le monde minéral, son massif couvre près d’un tiers de la surface de l’île. Le bien nommé volcan entre en éruption tous les neuf mois en moyenne, il est un des plus actifs de la planète avec ses flancs tel un désert de roche. Ici est née la légende de la Vierge au Parasol. Monsieur Leroux, propriétaire à Bois-Blanc place une statue dans ses champs pour protéger les récoltes. Un jour, une coulée de lave traverse ses terres et brûle les champs mais la statue, elle, reste miraculeusement en place. Aujourd’hui encore la vierge protectrice au parasol de fer est souvent louée, entourée de cierges et de fleurs déposées à ses pieds.

Le Piton de la Fournaise nous projette dans un monde en constante évolution où la nature est toujours reine.

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